revue

Des avancées des NBIC en 2017

Nanotechnologie, VR, IoT, Androïde... Focus sur les initiatives de ces domaines qui sont en train de changer la face de l'Humanité.

La mort de la mort

Allons-nous bientôt ressusciter nos morts ? C’est le projet étrange et clairement fou de Bioquark. Baptisé ReAnima, il vise à réanimer le cerveau de personnes déclarées en état de mort cérébrale en stimulant leur système nerveux. Leur injecter directement des cellules souches serait également une nouvelle piste inspirée par l’observation d’espèces telles que les amphibiens, les planaires, et certains poissons : on sait qu’ils sont capables de réparer, régénérer et remodeler une partie substantielle de leur cerveau et du tronc cérébral. La société américaine experte en biotechnologie a reçu l’autorisation du NIH (National Institutes of Health) pour procéder à des essais sur une vingtaine de patients atteints de lésions axonales diffuses : leur état se caractérise par la cessation complète de l’activité cérébrale, leur ventilation et leur fonction cardiaque n’étant préservées que par des moyens artificiels. Cette expérience est menée à l’hôpital Anupam, situé en Inde, en collaboration avec la compagnie indienne Revita Life Sciences, spécialisée dans les applications thérapeutiques des cellules souches.

 

 

 

Le robot origami

Gare aux maux d’estomac. Heureusement, il existe de nouvelles solutions. Voici un joli origami qui, une fois ingéré, se déploie comme un éventail et vogue sur nos sucs gastriques pour soigner nos bobos. Pratique et tellement poétique… Cette innovation a été conçue grâce à la collaboration de chercheurs du MIT, de l’université de Sheffield et de l’Institut de technologie de Tokyo. Ce petit robot origami est au départ encapsulé de manière à ce que le patient puisse l’ingérer. Une fois dissoute dans l’estomac, la capsule libère l’origami qui s’ouvre et laisse échapper un petit cube. Son pliage intelligent lui permet de glisser jusque dans l’organe et de panser ses plaies. Autre fonctionnalité : la possibilité de récupérer une petite pile électrique avalée par mégarde. Et cela pourrait s’avérer fort utile puisque, chaque année, 3 500 piles sont ingérées par des enfants aux seuls États-Unis ce qui provoque la brûlure de leurs tissus internes. Des champs magnétiques permettent de diriger le robot vers un endroit précis de l’estomac ou vers la sortie… c’est-à-dire la bouche.

 

Massachusetts Institute of Technology (MIT)

Un cobaye animal

Baptisé SynDaver Canine, il a tout du chien écorché vif tout droit sorti d’un film d’horreur… Et pourtant il faut l’aimer et lui rendre grâce : cet horrible chien synthétique, au réalisme surprenant, va permettre de sauver la vie de nombreux animaux de refuge, utilisés pour former les étudiants en médecine et nos futurs chirurgiens. Tout comme un être vivant, il est capable de bouger et de réagir ; son corps est fabriqué à partir de dizaines de tissus synthétiques qui imitent les muscles, les tendons, la peau, les os et les organes. Certains ont même des yeux capables de se dilater et de réagir à la lumière ainsi que des systèmes veineux et artériel complets. Il est fourni avec un ou plusieurs défauts : tumeurs, plaies, corps étrangers… aux étudiants de trouver comment le soigner et d’éviter toute complication. SynDaver Canine respire, saigne et peut même mourir afin que la mise en situation soit au plus proche de la réalité.

 

Former les urgentistes au pire

Difficile de connaître ses réactions quand on doit faire face aux situations d’urgence. Si les urgentistes sont régulièrement entraînés, ils ont parfaitement conscience de l’être dans un univers contrôlé, voire scénarisé. C’est la raison pour laquelle ANR VICTEAMS a créé un espace virtuel, évolutif : il met à l’épreuve les capacités de gestion des leaders des équipes médicales (pompiers ou militaires) en cas de situations de crise dans des environnements sociotechniques complexes (gestion d’attentats, catastrophes environnementales...). Différents scénarios leur sont proposés et les soumettent, sous contraintes émotionnelles, aux perturbations potentielles liées aux incertitudes des situations de gestion de crise : danger de la situation elle-même, état de stress intense ou défaillance d’un membre de l’équipe. Ils sont jugés sur leur capacité à rester en retrait, à prendre les bonnes décisions et à s’assurer que celles-ci ont bien été prises en compte et surtout parfaitement comprises. C’est ce genre de « petits » détails qui fait toute la différence sur le terrain.

 

Un odorat retrouvé – Un nez augmenté

Mesurer l’odeur… voilà la prouesse scientifique et technique réalisée par Aryballe Technologies. Cette start-up grenobloise propose un nez olfactif universel, NeOse, capable de détecter plus de 150 odeurs chimiques. Ce dispositif, qui tient dans la main, aspire les odeurs via un ventilateur. Les molécules vont ensuite venir se fixer, par affinité, à la surface de nanocapteurs embarqués qui imitent les récepteurs olfactifs humains. Une fois les molécules des odeurs fixées, une photo permettra de transformer l’odeur en signature visuelle sous la forme d’un code-barres. Les informations collectées sont alors envoyées, grâce à une puce microélectronique, vers la base d’odeurs d’Aryballe en constante progression – 150 odeurs aujourd’hui– puis analysées pour trouver l’odeur associée à la signature visuelle. Si le premier marché visé est celui des personnes atteintes d’anosmie, les champs d’application sont multiples : environnement, détection de pathologies, industrie… La mise sur le marché de la version professionnelle est prévue début 2017.

Ultrasons vs tumeurs au cerveau

Aujourd’hui, le traitement des tumeurs cérébrales primitives malignes repose sur un acte neurochirurgical, suivi de séances de chimiothérapie et/ou radiothérapie. Malheureusement, la barrière hémato-encéphalique (BHE), cette paroi de vaisseaux particulièrement étanche qui limite l’exposition des neurones aux agents toxiques, limite aussi le passage et donc la diffusion des traitements. Les équipes de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris, de l’université Pierre et Marie-Curie, de l’Inserm et de la société CarThera ont mis au point un dispositif ultrasonore, SonoCloud. Implanté dans le crâne, ce dispositif est activé quelques minutes avant l’injection intraveineuse du produit. Deux minutes d’émission d’ultrasons suffisent à perméabiliser temporairement la BHE pendant six heures, permettant ainsi une diffusion de la molécule thérapeutique dans le cerveau cinq fois plus importante que d’ordinaire.

 


Cet article est paru dans le numéro 8 de la revue de L’ADN qui porte 42 superhéros de l’innovation. Votre exemplaire à commander ici.


 

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