
A l’occasion de la journée internationale de la femme, Reporters sans frontières publie un rapport intitulé “Droits des femmes : enquêtes interdites”, dans lequel l’organisation met en lumière les difficultés des journalistes qui enquêtent sur les droits des femmes.
En Inde, la journaliste indienne Gauri Lankesh a ainsi payé de sa vie ses enquêtes. Assassinée le 5 septembre 2017, cette rédactrice en chef de l’hebdomadaire laïque et féministe Gauri Lankesh Patrike dénonçait régulièrement la place de la femme dans le système des castes. En Iran, de nombreuses journalistes féministes ont été harcelées judiciairement et emprisonnées pour leurs écrits, à l’instar de Mansoureh Shojaii exilée depuis ou Narges Mohammadi toujours détenue. Subir la répression des prédateurs des droits des femmes n’est pas spécifique aux femmes journalistes. En Somalie, Abdiaziz Abdinur Ibrahim a été arrêté et condamné à un an de prison pour “fausses informations” après avoir interviewé une victime de viol.
Qui se cache derrière les prédateurs des femmes et des journalistes ? Dans son rapport, RSF identifie d’une part les groupes radicaux tels que les Talibans ou Daesh. Aux Etats-Unis, des groupes pro-lifes menacent également de mort les journalistes qui traitent du droit à l’avortement. Faire taire les reporters est aussi l’objectif des organisations criminelles. Au Mexique, couvrir les féminicides dans l’Etat du Chihuahua est particulièrement risqué. Des régimes autoritaires - Chine, Turquie, Egypte en tête - ne sont pas non plus désireux que la question de la condition de la femme s’inscrive dans le débat public. En France ou au Canada et dans bien d’autres pays, ce sont des hordes d’internautes rageurs qui ont lancé des campagnes de cyber-harcèlement contre des journalistes. Quand ces victimes sont des femmes, les attaques redoublent de violence et revêtent dans la grande majorité des cas un caractère sexuel.
RSF a choisi de rendre hommage, dans son rapport, à l’ensemble de ces acteurs et porte des recommandations à l’adresse des Etats, des organisations internationales, des plateformes et des rédactions afin que les droits des femmes ne soit plus considéré comme un sujet tabou et que les journalistes qui choisissent de travailler sur cette question puissent le faire librement.
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