Des jeunes devant un ordi

Les chineurs aka « neurchis », nouvelle cure de jouvence sur Facebook ?

Avec Mindoza
© Brooke Cagle

Alors qu'on le pensait vieillissant Facebook est devenu depuis quelque temps le repère favori de communautés perfusées aux memes, les « neurchis ». Entre sujets puérils, vannes d'ados et humour plus gras qu'un tacos trois viandes, elles soufflent un vent de jeunesse inattendu, presque inespéré pour la plateforme.

Trouver son centre d’intérêt

Il suffit de réaliser que le nom « neurchis » n'est autre que le verlan de mot « chineurs » pour se rendre compte à quel point l'autodérision et la légèreté sont les pierres angulaires de ces communautés. Les neurchis, ce sont des groupes privés d'ultra passionnés, tellement connaisseurs de leur sujet qu'ils ont fini par s'octroyer ce statut bien particulier de chineur. Comme seul un expert pourrait chiner les plus belles pépites d'une brocante, les neurchis, eux, détectent (ou créent) les meilleurs memes, les meilleures vannes ou tout autre contenu relatif à leur centre d'intérêt. Sur Facebook, il existe presque autant de groupes privés que l'on pourrait imaginer de passions : Neurchi de Top Chef, de Linkedin, de forceurs, de design de merde, de boomer, de darwin award, d'infidélité… Difficile de ne pas trouver chaussure à son pied.

Un fonctionnement par communauté

Si ce phénomène qui fait sourire n'est pas forcément nouveau, ce qui n'était à l'origine qu'une tendance de niche est devenu si populaire que certains groupes dépassent aujourd'hui les centaines de milliers de membres, comme le groupe Neurchi de flexibilisation du marché du télétravail et ses 140 000 adeptes qui s'amusent gentiment des conditions de travails des jeunes diplômés. Une aubaine pour Facebook qui cherche désespérément à retenir et à faire revenir une audience plus jeune, qui déserte la plateforme.

C'est d'ailleurs ce que nous expliquent de manière unanime Damien, 24 ans et Gael, 32 ans, respectivement administrateurs des groupes Neurchis de dates claqués (35k membres) et Neurchis de marketing claqués (58k membres) dans lesquelles les audiences 18–24 ans et 25–35 ans sont ultra majoritaires. Pour les deux, il ne fait aucun doute que sans ces communautés, les plus jeunes auraient tout simplement disparus. « Sur Facebook, il n'y a vraiment plus rien pour nous, sans les neurchis, on n’y serait pas. »

Faciliter le partage et garder le contrôle sur la modération

Mais alors pourquoi se retenir à Facebook quand d'autres réseaux n’ont clairement les faveurs de cette audience ? Là encore, les deux admins sont à l'unisson : il n'existe tout simplement pas de réseau plus adapté que celui-ci pour gérer et animer des groupes. Pari réussi pour la plateforme qui avait fait des communautés son cheval de bataille depuis quelques années. « Facebook garde l'avantage de faciliter le partage, on peut y partager des photos, des liens, des articles et garder le contrôle de la modération. Des groupes ont déjà essayé de s'exporter sur d'autres réseaux mais ça ne marche pas, sauf pour de rares exceptions ». De son côté, Damien explique que derrière les neurchis, on retrouve une certaine inspiration Reddit mais que la plateforme n'étant pas spécialement accueillante pour les français, Facebook s'est imposé assez naturellement.

En sera-t-il de même avec les marques ?

À première vue non. « Le but de ces groupes n'est pas de faire de l'argent, je ne vois même pas comment il serait possible de travailler avec une marque », argumente Damien. Gael est même bien plus catégorique dans le ton : « C'est une règle en commun avec tous les neurchis, on ne veut pas en faire quelque chose de commercial, même si certains ont déjà fait quelques partenariats ». Il en profite pour nous glisser un exemple qui nous a bien fait marrer, celui du programme La Flamme de Canal+. En lançant son propre groupe de neurchis, la chaine a suscité un important levier de bouclier. « Certains ont créé un autre groupe en réponse, Neurchi de La Flemme sans Canal+ à la modération ». Bref, malgré un groupe à 30 000 membres, Canal+ est clairement passé pour cet oncle un peu gênant, cherchant désespérément à prendre l'air jeune en soirée.

Concilier avec une modération très subjective pour les marques

Si toutefois les marques veulent se lancer, elles devront aussi concilier avec une modération très subjective. Un des points communs relatifs à quasiment l'ensemble des neurchis, c'est la règle licite de ne pas signaler une publication malveillante directement à Facebook, mais d'informer les admins de son existence « pour éviter que la page soit bannie si les signalements se multiplient ». Si nos interlocuteurs assurent que la modération est faite en bonne intelligence, publier, c'est aussi accepter de prendre le risque de jeter sa marque en pature, et alea jactae.

Après on se dit quand même qu’un terrain de jeu s’ouvre pour des marques iconiques (ou proches de l’être). Celles-ci ont forcément des communautés déjà actives ailleurs, parfois éparpillées, ce serait donc une façon de les rassembler et de relancer la conversation auprès d’une cible plus large. C’est aussi une opportunité pour les médias spécialisés. Il n’y a qu’à voir Usbek & Rica, le magazine sur le futur et l’innovation, qui vient de lancer les #NeurchisDeFutur sur sa plateforme et partage déjà les pépites de ses lecteurs. 

Jouer avec l’auto-dérision

Quoi qu'il en soit et qu'importe votre courage, ignorer l'existence des groupes neurchis, c'est se priver d'un vivier sans fin d'observations et d'insights, hyper qualifiés et surtout, déjà remontés en surface par des experts de leur sujet.

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