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Charles Pépin : « Il faut oser dire que c'est en osant qu'on apprend ! »

Dans le cadre de la 8ème édition de One to One Biarritz 2022, du 4 au 6 octobre, placée sous le thème de l’audace, le philosophe Charles Pépin interviendra pour discuter des relations entre risques, succès et liberté. Rencontre.

L’ADN : Vous êtes philosophe et romancier. On peut vous entendre à la télé, dans les cinémas, à la radio. Pourquoi est-ce si important pour vous d'engager la conversation ? 

Charles Pépin : Je vois deux grandes raisons à cette question. La première, c'est que c’est en conversant qu'on trouve des idées. Je conçois moins mes interventions comme des communications d'idées préexistantes que comme des opportunités d'élaborer de nouvelles idées. La deuxième, c'est parce qu'il y a dans la rencontre avec le public quelque chose d'électrique qui est pour moi la vérité de la pensée. Ce sont donc deux raisons différentes. La première, c'est finalement pour produire de nouvelles idées. Et la deuxième, c'est pour favoriser des rencontres sans lesquelles, je crois, la pensée se sclérose. 

C’est pour cela que vous avez accepté de participer au congrès One to One Biarritz ?

CP : Exactement ! One to one Biarritz favorise les rencontres et la rencontre, c'est ce qui fait vraiment le sel d'une existence. Souvent, on considère simplement que c’est un plus. Pour ma part, je pense qu'il faut aller plus loin. Il faut voir la rencontre comme la condition de la vraie vie. Bien sûr, ça peut être la rencontre amoureuse, ça peut être aussi la rencontre avec un client, ça peut être la rencontre amicale. Ce qui est intéressant, c’est l'invariant. Comme le dit le philosophe Martin Buber, ce qui fait que la vraie vie, ce sont des rencontres. 

L'un des thèmes principaux de cette édition, c'est oser. Vous aviez écrit un livre sur l'audace en 2015. Qu'est-ce que cela vous inspire en 2022 ? 

CP :  J'ai l'impression que l'audace est plus urgente que jamais. Dans un monde aussi perturbé, où les normes du passé ne fonctionnent plus, on a vraiment besoin d'audace pour repenser l'époque et repenser les relations humaines. Mais l'audace s'apprend. On peut apprendre à oser en admirant les audacieux, apprendre à oser en en maîtrisant aussi des éléments qui vont nous permettre finalement de tenter quelque chose de nouveau. Mais à l'inverse, il faut oser dire que c'est en risquant qu'on apprend, notamment par l'expérience de l'échec qui, en général, est presque plus enrichissante que celle du succès. 

Dans le monde du business à la française, L’échec peut être perçu comme un terme très péjoratif voire une source de culpabilité. Faut-il néanmoins courir le risque d’échouer ? Pour s’affranchir ? Être plus libre ?CP : Bien sûr ! D'une part il faut courir ce risque parce toute l'histoire du progrès scientifique, de l'art, de l'entrepreneuriat nous montre qu'il faut prendre le risque de l'échec pour vraiment réussir. Parallèlement il faut aussi effectuer un travail pour changer de regard sur l'échec et pour apprendre à ne plus voir l'échec comme quelque chose d'humiliant, mais comme une expérience. On va tout à fait être capable de finalement réinventer ça, de le réutiliser dans une aventure qui peut conduire au succès. C’est une porte qui se ferme mais en même temps une fenêtre qui s'ouvre. 

Finalement, le risque ferait nécessairement partie de notre chemin vers l'accomplissement. 

CP : Dès qu'on ose, on prend le risque de l'échec. On pourrait presque dire que le fait d'accepter le risque de l'échec, c'est la condition des vraies décisions. 

Qu'est-ce que vous aimeriez faire passer comme message important auprès du public de One to One Biarritz ? 

CP :  Une existence digne de ce nom est une existence dans laquelle on prend le risque d'avoir une expérience de l'échec. Et que ce risque là, ça s'appelle l'audace. Il ne s’agit pas d’oser tout et n'importe quoi, mais avoir un sens du risque mesuré. Il faut bien distinguer le sens du risque de l'amour du risque. Ce dernier est excessif et ne permet pas de vivre bien. L'amour du risque est à combattre mais le sens du risque est à cultiver. Et le sens du risque, ça veut dire qu’on a d'abord essayé de réduire le risque, qu’on a réfléchi pour anticiper les risques. Mais comme il n’y a pas de risque zéro, il faut être capable d'aimer et de prendre le risque qui reste.

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