
Viva Technology est entré dans la cours des grands rendez-vous de la scène Tech. « Un défi invraisemblable », comme l’indique Christophe Victor, directeur général délégué du groupe les Echos. Mais un défi qui valait vraiment le coup.
« On l’a fait parce qu’on ne savait pas que cela serait impossible » reconnait Maurice Levy. Le pari de Publicis Groupe et du Groupe Les Echos ne manquait ni d’ambition, ni d’audace. Monter en six mois un événement qui rende visible la vitalité de la France en matière numérique, réunir un panel remarquable de speakers, 5 000 startups (françaises et internationales), et des dizaines de grands groupes semblait quasi irréalisable. Pourtant, ils étaient tous là. « C’est un défi absolument invraisemblable, mais il s’est dégagée ici une énergie incroyable et face à la morosité qu’on constate parfois, on ne peut que se réjouir : il est en train de se passer quelque chose. » commentait également Christophe Victor, directeur général délégué du groupe les Echos.
Il est impossible de résumer un événement de cette taille. Mais, effectivement, c’est le foisonnement, l'hybridation, et la vitalité qui auront frappé. Dans les allées, comme sur scène.
Côté conférences, toutes les grandes questions de la transformation numérique ont été abordées. On a pu entendre des entrepreneurs internationaux chevronnés (Eric Schmidt, Alphabet, Jimmy Wales, Wikipedia, S.Y Lau, Online Media Group…), des géants français (Sébastien Bazin, AccorHotels, Isabelle Kocher, Engie, Guillaume Pepy, SNCF, Bernard Arnault, LVMH…), de nouveaux entrants (Ludovic Le Moan, Sigfox, Frédéric Mazzella, Blablacar, Keyvan Nilforoushan, Onefinestay, Richard Ollier, Giroptic…), des observateurs et experts reconnus (Laurent Alexandre, Alain Bensoussan, Jean-Gabriel Ganascia…), ou plus jeunes (Primavera de Filippi, chercheuse au CNRS, Guy-Philippe Goldstein…), ainsi que des acteurs de l’écosystème des startups (Côme Courteault, The Family, Benjamin Carlu, Usine IO)... Une diversité réjouissante qui a le mérite de mettre en lumière, à très grande échelle, l’hybridation à laquelle invite l’écosystème du numérique depuis longtemps.
Emmanuel Macron, Ministre de l’Economie, de l’Industrie, et du Numérique était un des politiques présent (François Hollande, Anne Hidalgo, Valérie Pécresse… ont également fait le déplacement), mais lui venait saluer une initiative qu’il avait clairement appelé de ses vœux : « Nous sommes la "startup nation" de l’Europe, nous créons pus de 1 000 startups par an, mais il faut passer de la "startup" à la "scale-up". Le marché est devenu d’emblée mondial : on ne peut plus dire je vais d‘abord viser la France, puis l’Europe, puis le monde… Dans cette nouvelle économie, il faut innover beaucoup, vite, à grande échelle, et, parfois, des partenariats entre startups et grands groupes permettent justement de le faire. »
Là était le plus gros enjeu de Viva Tech : passer du dire… au faire, et être, trois jours durant, un immense espace de co-working entre startups et grands groupes. En amont, chaque partenaire a proposé des appels à collaboration ouverts aux startups. Accompagnés dans cette démarche par EY et McKinsey, ils ont élaboré les sujets qu’ils souhaitaient soumettre, mobilisé des équipes en interne, et se sont engagés à déployer concrètement les projets finalistes. Il y aura donc forcément un après à Viva Tech. Sur les stands (rebaptisés Labs), on a pu écouter pitcher les candidats, et assister à la nomination des gagnants. Mais les collaborations iront sans doute au-delà des challenges. « Il s’est noué beaucoup de contacts dans les Labs : Cisco, Vinci, BNP, et d’autres ont repéré une dizaine de contrats potentiels. Et le constat est le même côté startup : ils ont apprécié la qualité du visitorat et l’intérêt des contacts » explique Christophe Victor.
Qualité oui, quantité aussi. Les allées n’ont pas désempli. L’objectif des 30 000 semble avoir été atteint, et s’il est difficile pour les organisateurs de savoir si beaucoup sont venus de l’étranger, il était clair qu’ici, on ne parlait pas que français.
Et puis Viva Technology a été aussi un formidable espace de pédagogie. Hologrammes, réalité virtuelle, robots, voitures autonomes, impression 3D… étaient partout. Le dernier jour, ouvert au public, permettait à tous d’apprendre à coder, de profiter de cours de yoga ou de compétitions d’e-gaming… Quant au REMIX coworking, la plus grande communauté de coworking de Paris, il a donné à l’ensemble l’indispensable bouffée de bazar. Entre poufs et grandes tablées, on a pu entendre ici des talks iconoclastes établissant le rapport entre les démarches innovantes et le jazz ou la magie, rencontrer des street artists, profiter d’une salle de sieste délicieusement tiède dans un combi Volkswagen, ou de séances de tatouage…
« Nous sommes formidablement heureux de l’énergie qu’on a senti ici, au milieu de tous ces jeunes avec leur passions, leurs envies : il fallait les voir. Uniquement pour ce spectacle, cela valait le coup. La seconde chose était de démontrer que la France est capable d’organiser un événement de cette envergure, et qu’elle est très clairement présente sur l’échiquier mondial du numérique. C’était le rêve que je nourrissais depuis 2006 quand j’ai écrit avec Jean-Pierre Jouyet le rapport sur "l’économie de l’immatériel : la croissance de demain". Il fallait faire cet événement, nous l’avons fait. Mais ce qui me fait vraiment plaisir, c’est que les gens soient venus, Nous avions un objectif, il est d’ores et déjà dépassé. J’espère que cela va susciter des énergies, des enthousiasmes, des envies et que de plus en plus de gens vont oser aller dans le numérique, voir que cela n’est pas si difficile, et que de grandes entreprises leur tendent la main. » explique Maurice Levy.
Mais Viva Technology a surtout donné un signal fort, celui de la maturité des grands groupes à reconnaître que le numérique n'est pas seulement un faisceau de technologies à cantoner dans quelques projets cosmetiques, mais qu'il est aussi, et peut être surtout, une culture, et qu'il apprennent à la placer là où elle doit être : au coeur de leur transformation, et sur l'ensemble de leur chaine de valeurs. L'open innovation a passé le cap des experimentations maladroites. S'ouvrir à un écosystème de chercheurs, de penseurs, d'experts, d'artistes, d'entrepreneurs, de startuppeurs, comme aux talents de leurs propres collaborateurs... n'est plus une posture. L'hybridation, l'agilité, l'ouverture répondent à un véritable enjeu : se projetter dans l'avenir. Forcément, par nature, c'est une histoire sans fin, forcément, ce n'est que le début.
Alors quid de la prochaine édition ? « Ce n’est pas tranché, mais juin 2017 sera la période des élections législatives. Nous opterons peut être pour septembre » indique Christophe Victor. On est déjà impatient de recommencer.
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