Abeilles une fleur de pissenlit.

Un entrepreneur allemand restaure des machines à gommes pour protéger les abeilles

© Proxyminder

Sebastian Everding transforme d’anciennes machines à gommes en distributeurs de graines de fleurs sauvages afin de réhabiliter des communautés d‘abeilles et de rétablir un processus qui coûte des milliards d'euros.

Petite graine pour grand projet

C’est dans la région de Dortmund, au nord-ouest de l’Allemagne, que l’on retrouve ce passionné de jardinerie de 36 ans. Ce dernier remet à neuf des machines à gommes pour les transformer en automates générant des capsules de graines de fleurs régionales. Grâce à cela, pour 50 centimes, les citoyens peuvent contribuer, sur leur balcon ou dans leur jardin, au repeuplement des communautés de pollinisateurs dans leur localité.

Afin de démocratiser son invention, Sebastian Everding met ses automates à disposition des municipalités dans toute l’Allemagne. Ainsi, pour 489 euros, une école peut se procurer un distributeur de modèle standard avec ses capsules et un validateur de pièces. Pour un prix moindre, à 28,90 euros, on peut se procurer une borne de retour de capsules ou encore un panneau d’instructions pour 25 euros.

Ce projet, qui avait commencé en octobre 2019 en tant que simple automate apicole local, s’est très vite développé en entreprise de restauration d’habitat à échelle nationale. Aujourd’hui, Everding a vendu plus de 300 distributeurs et a permis la pousse de plus d’un hectare de fleurs sauvages variées.

Une initiative globale

Ces distributeurs s’inscrivent dans la volonté du jardinier de s’engager dans l’upcycling et dans l’artisanat local. En effet, ces projets durables font appel à des artisans réparateurs qui traitent la surface des distributeurs et les reconditionnent pour une seconde vie.

Par ailleurs, dans une initiative écologique et solidaire globale, Everding met en place plusieurs partenariats avec des organisations écologiques allemandes comme Bienenretter Manufaktur, qui promeut l’apiculture durable, mais aussi l’Institut du Développement Durable de Francfort (FINE). Ce dernier s’est chargé d’adresser un volet éducatif aux utilisateurs des distributeurs.

Enfin, avec leurs capsules en plastique opaque, les automates apicoles soufflent un vent de mélancolie aux nostalgiques des machines à gommes, populaires dans les bars et salles de jeux des années 70 et 80.

Impact alarmant des insecticides

Alors que ce projet a pour souhait de sensibiliser sur les initiatives écologiques à échelle locale, la préservation des abeilles fait écho à l'utilisation nocive des pesticides. En effet, l’extinction des abeilles et autres pollinisateurs va de concert avec la mise en danger des écosystèmes par l’agriculture intensive. Selon l’Union Internationale de la Conservation de la Nature (UICN), au moins une espèce d’abeille d’Europe sur dix est menacée d’extinction.  

Autre chiffre alarmant : d’après Greenpeace, toujours en Europe, les populations d’abeilles domestiques ont diminué entre 1985 et 2005 de 25 %. Enfin, le taux de mortalité des abeilles en 2017 en Europe s'élevait en moyenne à 20 % et pouvait atteindre, dans certaines ruches, 80 %.

Un processus naturel lucratif

Premières victimes des pesticides, les abeilles sont pourtant vitales à notre économie rurale. En effet, d’après l’UICN, plus de 70 % des cultures mondiales destinées à la consommation humaine dépendent de la pollinisation. Alors que la reproduction de 60 % à 90 % des plantes sauvages nécessite de la pollinisation, la valeur économique de ce processus s'élèverait à 153 milliards d'euros.

Pour pallier l’effet destructeur des pesticides, la Commission Européenne interdit dès 2018 l’usage de pesticides appelés néonicotinoïdes, attaquant le système nerveux des insectes. En France, alors que l’Assemblée nationale adopte, en 2018, l’interdiction de ces insecticides sur l’ensemble du territoire, ils sont rétablis l’an dernier à la suite d'une épidémie de jaunisse qui frappait, en particulier, l'industrie de la betterave.

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