
L'institut français de recherche pour l'exploitation de la mer (Ifremer) met en place, à l’aide d’une intelligence artificielle, un chalut intelligent triant les captures avant de les remonter à la surface.
Un projet de chalut intelligent
Ce projet, réalisé en partenariat avec l’université de Bretagne sud, le comité des pêches du Morbihan et la société Marport, spécialisée dans les capteurs de haute technologie, a pour but de diminuer la prise d'espèces non ciblées par la pêche, en atténuant les effets d’épuisette des chaluts.
Le projet « game of Trawls », pour Giving Artificial Monitoring intElligence tO Fishing TRAWLS, met les technologies de la surveillance artificielle au service des chaluts de pêche. En effet, à travers ce projet, Ifremer propose une approche multidimensionnelle d’une pêche durable et responsable.
Celle-ci comprend le contrôle actif de la sélectivité des poissons par les chalutiers et une indication de l’incidence de ces derniers sur l’environnement marin grâce à un réseau de capteurs.
Avec une vision en direct par ordinateur, l’engin de pêche est capable de détecter et d’identifier en temps réel les espèces qui sont pêchées. Lors de la détection d’espèces non désirées dans l’engin, les pêcheurs sont alertés et peuvent actionner un dispositif d’échappement à travers des signaux acoustiques, une trappe de déviation, la fermeture de cul de chalut ou encore des flash lumineux. Il leur donne, par ailleurs, la possibilité de changer de zones de pêche.
Le projet est encore en cours de développement et est actuellement testé dans les eaux du Morbihan.
Une innovation coûteuse
Une fois mis sur le marché, Ifremer estime l’achat du procédé à un coût de 20 000 euros. Aidés par les subventions à l’innovation, cette invention pourrait pousser les pêcheurs à devenir acteurs de la protection de l’environnement en premier plan.
Même si l’activité est régulée par un système de gestion où les quotas de pêche doivent être déclarés au kilo près, ces derniers ne prenant pas en compte le type de captures ; dans le cadre de pêcheries mixtes, les pêcheurs sont obligés de jeter à l'eau ce qui n'entre pas dans les quotas fixés. En effet, les quotas autorisant le pourcentage de capture d’une certaine espèce n'excluent pas le rejet d’autres espèces.
Le projet de l'Ifremer permettrait ainsi à la profession de rejeter les espèces non désirées à l’eau avant de les comptabiliser dans leurs quotas.
L’impact écologique de la surpêche
Les incidences de l’activité sur les écosystèmes marins sont une thématique courante dans une industrie de la pêche qui tend constamment à répondre aux attentes sociétales et commerciales.
La pêche est excessive lorsque cette activité exerce une pression trop élevée sur les réserves disponibles, les réduisant et impactant leur capacité de régénération. Avec un stock appauvri et une structure de reproduction affectée, les pêcheurs doivent eux-mêmes intensifier leur pêche pour assurer une rentabilité.
Tout cela entraînant un cercle vicieux, la pêche finit par concerner une quantité croissante d'espèces non ciblées telles que les dauphins, les poulpes ou les crabes. Selon un rapport de 2014 provenant de la FAO, la branche de l’ONU pour l’alimentation et l’agriculture, la pêche en haute mer et en eau douce aurait contribué à la capture de 93,4 millions de tonnes d’animaux marins. Toujours selon la FAO, en 2005, les pêcheries artisanales auraient été responsables de plus de 8 % des rejets des captures mondiales.
Après un rejet de proposition en 2013, la Commission européenne interdit le chalutage de fond en eau profonde au-delà de 800 mètres.
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