Trois pistes pour repenser la mobilité urbaine

Trois pistes pour repenser la mobilité urbaine

Avec frog
© Jan Baborak

Longtemps, la possession d’une voiture a été associée par les Français à un statut social reflétant une image de succès au regard des autres. Ainsi, au fur et à mesure de la croissance du pouvoir d’achat, le taux d’équipement des ménages en véhicule motorisé est passé de 79 % à 84 % entre 1998 et 2018.

Au-delà de la simple possession d’une voiture, ce mode de transport est encore extrêmement utilisé, particulièrement hors des grandes villes où ¾ des personnes utilisent leur voiture quasi quotidiennement. Or, cette situation est problématique à plus d’un titre. 

D’abord, parce que cela occasionne une saturation de l’espace public, notamment en zone dense. Ensuite, parce que la qualité de l’air des Français pâtit de l’usage de la voiture : près de 1/3 des émissions de CO2 de l'Union européenne sont dues aux transports, dont 72 % proviennent du transport routier, plus particulièrement des voitures personnelles qui représentent 60,7 % des émissions totales.

Dans ce contexte plus qu’alarmant, comment limiter l’usage de la voiture individuelle au profit du développement de mobilités alternatives ?

Développer la Mobility-as-a-Service (MaaS) pour améliorer la visibilité et l’usage des mobilités durables

La Mobility-as-a-Service (MaaS) consiste à proposer aux usagers une plateforme numérique qui leur permet de connaître, réserver et payer de manière intégrée et simple plusieurs offres de transport (transports en commun, vélo, trottinette, covoiturage, VTC, autopartage…).

L’objectif de ce type de plateforme est de mettre en visibilité l’offre de transport des territoires et permettre aux usagers de passer d’un mode de transport à l’autre plus facilement, parfois en complément de leur voiture individuelle. Ceux-ci peuvent d’ailleurs bénéficier d’un paiement à l’usage, et idéalement de tarifs combinés. Ainsi, plus besoin de mettre son vélo ou sa trottinette dans le coffre de sa voiture pour arriver à destination sans bouchon !

IDFM, Saint-Étienne Métropole ou encore Mulhouse Alsace Agglomération ont été les pionnières sur ce type d’initiatives. Seulement, le défi pour ces organisations est l’intégration technique des services de mobilité du territoire au sein de la plateforme afin de proposer une expérience sans couture dans les parcours de réservation et d’achat des modes de transport. 

Mettre en place des mécanismes de financement qui contribuent (réellement) à limiter l’usage de la voiture

La voiture individuelle a aujourd’hui un coût d’usage assez élevé (0,22 €/km - source : Yves Crozet), tributaire du prix du carburant, ce qui, on le voit actuellement en période de crise, pose de réels problèmes. Les transports en commun et le TER sont de réelles alternatives et pour que ceux-ci puissent être avantageux financièrement, le levier du financement public (réduction du reste à payer de l’usager grâce à la collectivité) et privé (participation financière des entreprises aux frais de mobilité de leurs salariés) est clé.

Le projet d’intérêt général MOB est en ce sens innovant car il vise à mettre en place ce cercle vertueux sur les territoires. MOB offre un compte unique et personnel qui rassemble les avantages ainsi que les aides mises à disposition par les collectivités et entreprises afin d’encourager les déplacements durables des citoyens au quotidien. 

Au-delà du financement, les entreprises peuvent aussi contribuer à sensibiliser les citoyens en repensant la mobilité professionnelle : en 2020, 53 % des véhicules neufs sont achetés par des entreprises. Le véhicule de fonction reste encore aujourd’hui un mode de rétribution des collaborateurs très ancré.

Développer l’usage partagé des voitures

Le covoiturage (partage de sa voiture personnelle avec d’autres voyageurs) et l’autopartage (mise en commun d’une flotte de voitures en libre-service) sont des alternatives intéressantes à la voiture individuelle, car elles pensent le véhicule comme un service et non une possession. 

Le covoiturage permet d’optimiser le remplissage de la voiture, en particulier en zones périurbaines ou rurales, où les transports en commun sont peu développés. L’autopartage permet de présenter aux citoyens une alternative à l’achat d’une voiture personnelle dans les zones urbaines. Selon une enquête conjointe de l'Ademe et du bureau d'études 6t en 2019, chaque véhicule partagé permettrait de remplacer jusqu'à huit voitures personnelles.

La startup Circle va plus loin et souhaite développer des véhicules électriques urbains en libre-service, qui ne nécessitent pas de stations de recharge. Le système de battery swap consiste à remplacer les batteries vides par des batteries rechargées, la gestion étant opérée par une plateforme logistique.

La réduction de l’usage de la voiture individuelle (et de ses nuisances) doit donc passer par l’action simultanée d’un grand nombre d’acteurs : les citoyens, les acteurs publics, les entreprises, et les fournisseurs de services de mobilité. Si des initiatives commencent à se multiplier en zones urbaines, il faudrait également intensifier l’action publique en zones rurales, aujourd’hui trop dépourvues d’alternatives à la voiture individuelle.

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