
Dans un contexte d’accélération et multiplication des crises sociales, environnementales et économiques, quel rôle les gens donnent-ils à l’entertainment et plus spécifiquement aux parcs d’attraction ?
Adapter ses loisirs en fonction du contexte
Cet article est tiré d’une étude réalisée par Appinio et Glory Paris, traite de société de divertissement, des crises et des parcs d’attractions. Reparlons du confinement, car après tout, ce n’est peut-être que maintenant, que nous pouvons en tirer des conclusions sures et tangibles. (Promis on sera brefs, et pas de violons ni de trémolos dans la voix). L’entertainment, défini par 60 % de l’échantillon comme « une distraction », par 48 % comme « une activité pour se réunir en famille », par 47 % comme « la pratique d’une passion » et considéré par 78 % d’entre eux comme un moyen de relaxation essentiel, fut du jour au lendemain bouleversé. En effet, seulement 21,5 % de l’échantillon déclare avoir pu pratiquer les loisirs auxquels ils/elles étaient habitués.es pendant le confinement.
Encore avec nous ? Maintenant on va aborder la question du covid et du numérique, donc si vous avez une impression de déjà-vu ne vous inquiétez pas, c’est normal, juste après on va vraiment essayer de vous surprendre. Car le confinement n’a pas arrêté l’entertainment, au contraire. 43 % de l’échantillon déclare avoir adapté ses loisirs et pratiqué d’autres formes de divertissement. Ces nouvelles formes c’est évidemment l’avènement du jeu vidéo (+20 % pour le marché des jeux vidéo entre 2019 et 2020 – source : données IDC) et du streaming (+24 % d’utilisateurs entre 2019 et 2020 - source : étude eMarketer). Le divertissement s’est donc virtualisé en profondeur et l’entertainment numérique a étendu son influence à un public beaucoup plus large.
Pour les parcs d’attraction, la crainte au sortir du confinement aurait donc pu être celle de ne pas voir revenir les publics, ces derniers leur préférant leurs consoles et leurs streamers favoris. Et c’est là que ça devient intéressant, car que nenni ! Parmi les activités ayant le plus manqué à notre échantillon les parcs d’attraction arrivent en quatrième position (17 % des interrogés les désignant comme le divertissement leur ayant le plus manqué, notamment derrière le cinéma 33 % et la plage 26 %), et les Français n’ont pas attendu longtemps pour combler ce manque, comme l’évoque Arnaud Bennet, président du Syndicat national des espaces de loisirs, d’attractions et culturels (Snelac), « Les progressions de fréquentation d’avril et mai 2022 peuvent aller de 15 à 30 % par rapport à 2019 ». François Fassier, Directeur de la Compagnie des Alpes dans une autre interview annonce que « 2022 sera une année historique en termes de fréquentation et de dépenses des visiteurs ». Le Futuroscope enregistre d’ailleurs en été 2022, sa plus haute fréquentation historique avec plus de 625 000 visiteurs.
Un besoin toujours présent malgré les crises
Dans le contexte actuel et face à ces résultats retentissants, une question s’impose. Comment expliquer ce regain d’enthousiasme pour les parcs d’attraction malgré une perte d’habitude forcée ? Notre première explication, la plus attendue, serait qu’ils viennent y chercher une autre forme d’évasion. Par exemple, l’étude explique que le panel choisi visite les parcs d’attractions essentiellement en groupe et avec des proches : principalement avec leur famille (53,2 %), mais aussi en couple (48,3 %) ou entre amis (32 %). Le parc d’attractions revêt donc une dimension plus évènementielle, et cette volonté de le partager à tout prix nous montre toute l’importance qu’ils occupent dans le cœur des Français.
Notre seconde hypothèse serait que pendant le confinement, les Français n’ont en réalité pas modifié leur mix divertissement, ils l’ont juste étendu, ils en ont accru la récurrence, l’intensité et la diversité. Ainsi, au lieu de privilégier un loisir sur un autre, ils ont simplement accru leur besoin d’entertainment. Jouer aux jeux vidéo et regarder des streams à tue-tête, n’a fait qu’accroitre leur désir de fréquenter les parcs d’attractions et de vivre des expériences plus intenses et plus ancrées dans le réel.
Alors voilà, le covid et les confinements sont derrière nous, mais la crise continue, ou plutôt recommence : saison 5, épisode 1 de la série des grandes crises mondiales, l’inflation. Le frein d’accès au divertissement n’est plus épidémiologique mais économique. Au moment de l'étude, 89 % des interrogés déclaraient que l'inflation allait affecter leurs dépenses au cours des prochains mois. 46,2 % pensent diminuer plus rapidement la part de leur budget allouée aux loisirs que celle allouée aux autres typologies de consommations. Et 61,5 % d’entre eux déclarent que le prix est la raison principale qui les feraient ne pas aller ou aller moins souvent dans un parc de loisir ou d’attractions. L’inflation redéfinit même la valeur de l’innovation dans le divertissement. Ainsi, 40,8 % soutiennent qu'une baisse des tarifs serait le principal facteur qui les pousserait à visiter un parc qu'ils ne connaissent pas encore - loin devant les nouvelles attractions (21,7 %). Parallèlement, 30,9 % se déclarent intrigués par la possible mise en place d'une tarification dynamique (des prix variants selon la demande).
Fort heureusement pour l’industrie, tous les Français ne raisonnent pas de cette manière et ils sont de plus en plus à redéfinir l’arbitrage des dépenses du foyer. En effet 30,4 % d’entre eux garderons la même part de leur budget alloué aux loisirs malgré une baisse de leur budget global. 12,4 % d’entre eux vont même jusqu’à déclarer vouloir préserver le même budget loisir quitte à sacrifier d’autres dépenses que l’on jugeait pourtant jusqu’à présent essentielles.
Et si ces derniers chiffres et la fréquentation record des parcs d’attractions nous permettaient d’entrevoir le rôle que l’entertainment jouera dans une société chahutée par des crises de natures différentes mais toujours plus fréquentes et dévastatrices ? Et si ces moyens d’évasion, hier simples bouffées de plaisir, étaient en train de devenir une respiration essentielle aux Français, qui face à l’intensité insurmontable de leurs maux, se voient forcés de trouver des bien-être compensatoires tout aussi puissants. La France, qui reste aujourd’hui un des plus gros consommateurs d’anxiolytiques au monde, a peut-être trouvé dans les parcs d’attractions sa nouvelle médecine douce de prédilection. Un nouveau remède à la mélancolie qui panse nos petites frustrations personnelles et le grand mal-être social. C’est pourquoi chez Glory Paris et Appinio nous ouvrons le débat : l’Entertainment ne devrait-il pas être remboursé par la sécurité sociale ?
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