Semaine de 4 jours, tout le monde en parle, Fasterize l’a testée

Semaine de 4 jours, tout le monde en parle, Fasterize l’a testée

© NegiPho

L'entreprise française spécialisée dans l’optimisation de la web performance ne voulait pas passer à côté d’un autre genre d’optimisation, dans le domaine des RH cette fois, surtout quand il promet un meilleur équilibre pro/perso et un meilleur bien-être général. Retour d'expérience détaillé.
 

La semaine de 4 jours n'est plus de la science-fiction, mais bien un vrai sujet de réflexion et même un projet pour un nombre croissant d'entreprises françaises. Il faut dire qu'elles n'ont plus vraiment le choix, tant la demande des salariés pour un meilleur équilibre de vie se fait pressante, depuis que la crise sanitaire a rebattu les cartes de l’organisation du travail. Selon un sondage Franceinfo de mai 2022, 64% des salariés français sont prêts à sauter le pas. Côté employeurs, s'il subsiste des freins et des inquiétudes, certains se lancent dans l'aventure, à l'instar de Fasterize, spécialiste de la web performance, qui nous fait part de ses réflexions avant/après, en toute transparence.

Semaine de 4 jours : la préparation, c'est la clef

L'entreprise fait partie des convaincus : le bien-être personnel passe par le fait d’avoir du temps pour soi, et la semaine de 4 jours, déjà adoptée dans différentes structures en France comme à l’étranger, lui apparaît comme une évidence. Pour autant, prudence étant mère de sûreté, Fasterize a veillé à peser le pour et le contre et à évaluer les modalités d’organisation pour chaque équipe avant de tenter l’expérience.

Elle a ainsi listé les avantages et les inconvénients, ainsi que les questions à se poser en amont.

Arguments en faveur de la semaine de 4 jours :

  • Favorise un meilleur équilibre entre vie personnelle et vie professionnelle
  • C’est un argument de recrutement et un avantage pour les salariés en poste
  • Elle incite à optimiser le temps de travail et à mieux prioriser les sujets traités

Points de vigilance  :

  • Le temps pour gérer les tâches est réduit - est-ce un facteur de stress potentiel ?
  • Y a-t-il un risque de ralentissement de la croissance ou de réduction de la productivité ? 

Les questions que soulève la semaine de 4 jours  

Elles sont multiples et surgissent rapidement dès lors que l’on interroge les équipes.

Certains évoquent le risque de perdre les moments spontanés d’échange. En effet, on est moins prompt à prendre ces moments si l’on craint de ne pas pouvoir gérer sa charge de travail dans le temps imparti.

Au-delà de l’organisation interne, se pose aussi la question des échanges avec des clients qui eux travaillent 5 jours par semaine. Faudrait-il recruter pour compenser et établir des roulements au sein même des équipes ? Est-ce qu’on peut mettre ce système en place dans tous les corps de métier représentés ? Comment compresser la charge de travail avec un jour en moins, sans risquer d’alourdir la charge mentale et en permettant de réellement déconnecter pendant le jour off ? Enfin, et ce n’est pas le moindre des aspects à prendre en compte : pourrait-il y avoir un impact négatif sur les finances et la productivité, et comment le mesurer : moins de clients signés ? Moins de tickets résolus par l’équipe support ? Moins de chantiers aboutis ? Moins de chiffre d’affaires ?

Anticiper l’organisation et les situations auxquelles chaque équipe peut faire face garantit de tester la semaine de 4 jours de la manière la plus fluide et sereine possible. Chez Fasterize, la culture d'entreprise de l'ingénierie est là, elle fait même partie de l’ADN, ce qui facilite le mode « Test & Learn ». Un atout.

Pour autant, pour mener à bien cette expérience humaine, il faut une vraie feuille de route et s’y tenir.

Avant de la détailler, quelques éléments de contexte sur la structure de l’entreprise : Fasterize est une organisation d'environ 25 personnes, qui augmente régulièrement. Elle est organisée en 4 pôles principaux : Commercial, Marketing, Customer Success et Technique. [1] 

Avec une telle structure, et du fait de l’activité d’éditeur de solution technique, appliquer sereinement un temps de travail réduit passe avant tout par le fait de proposer un produit stable et d’assurer un suivi client continu par les équipes commerciales, client et technique. Cette organisation doit aussi être transparente et connue de tous en interne.
Aussi, pour un monitoring efficace de l’impact d’un temps de travail réduit, il est utile de faire un état des lieux des heures en moyenne des employés, pour une visibilité sur la proportion de temps de travail réduit, sans oublier bien sûr de définir les contours du test sur une période donnée, avec des indicateurs de mesure de l’impact sur le travail et sur la qualité de vie.

In fine – et compte tenu des différents besoins de ses équipes – Fasterize a décidé de tester un temps de travail réduit à 4,5 jours, sur une période de trois mois, entre novembre 2022 et janvier 2023.

Son CEO, Stéphane Rios, s'explique :

“Je n’étais pas fixé sur le nombre de jours, j’avais simplement l’intention de permettre à chaque membre de l’équipe de profiter de plus de temps personnel. Nous avons déjà mis en place des horaires flexibles et des congés illimités, et nous sommes arrivés à la conclusion que réduire le temps de travail hebdomadaire n’est absolument pas incompatible avec notre fonctionnement. En ettet, la gestion du temps au quotidien n’est pas la même que la gestion de périodes telles que des congés.”

La mise en place du test pour un temps de travail hebdomadaire réduit chez Fasterize

Chaque équipe a organisé son temps en fonction de ses besoins professionnels et personnels, certaines avec un jour commun fixe, d’autres avec un jour différent selon les membres de l’équipe, sur la base d’une journée off tous les 15 jours, ou 0,5 jour off chaque semaine. Pour une bonne organisation intra et entre équipes, chaque personne signale son absence par un emoji sur l’outil Slack.

Toutes ont fait un point d’étape à mi-parcours et certaines, à l’instar de l’équipe marketing, ont mis au point un tableau de suivi hebdomadaire.

Comme l’explique Sarah Salis, dans l’équipe Marketing qui avait choisi le vendredi après-midi comme jour d’absence et un vendredi complet par mois, un rapide questionnaire était à remplir chaque semaine pour évaluer le succès du test. Ainsi, chaque membre de l’équipe Marketing devait attribuer une note de 1 à 5 pour évaluer sa charge de travail, la qualité des interactions avec l’équipe, etc.

Au sein de l’équipe Customer Success, le choix d’organisation a été différent. Chaque membre de l'équipe avait un jour off tous les 15 jours.

Ce jour, différent pour chacun, a permis d’assurer un suivi des clients en continu, ce qui aurait été impossible si tout le monde avait été absent le même jour. Le choix du jour varie en accord avec le reste de l'équipe et en fonction des besoins de chacun, avec un roulement tous les 3 mois. Le métier de Customer Success implique une disponibilité sans faille pour les clients, et l'organisation mise en place a permis de la maintenir tout en offrant des temps dont chaque membre de l'équipe peut profiter pour souffler.

Semaine de 4 jours : les conclusions de l'expérience

Alors que les trois mois de test viennent tout juste de prendre fin, il est temps de dresser le bilan pour savoir si Fasterize va rejoindre les rangs des entreprises françaises pionnières pour l’adoption du temps de travail hebdomadaire réduit.

Au rang des points positifs pour les équipes : toutes sont contentes de profiter de plus de temps libre pour s’occuper de soi, avoir des projets personnels, passer du temps en famille… Et reviennent ressourcées. Pour la plupart des équipes, les temps off permettent de couper et de ne plus se sentir obligé de réagir immédiatement en cas de sollicitation. Par ailleurs, contrairement aux craintes exprimées en amont, il n’y a pas eu d’impact négatif sur la production. Enfin ce nouveau rythme les a obligés à être plus efficaces durant le temps de travail.

Pour autant, chaque équipe a noté des points d’amélioration : les commerciaux ont à cœur d’être disponibles pour leurs clients et ils comptent parmi ceux qui ont eu parfois plus de mal à couper pendant leur jour off.

De leur côté, les Customer Success ont fait face à des questions de coordination pour assurer le suivi des clients et organiser le tuilage ; l’équipe technique enfin, qui fonctionne beaucoup avec du pair programming, a dû prévoir une organisation à la carte, en fonction des plannings de chaque membre.

Parmi les initiatives qui n’ont pas pu se concrétiser : les équipes technique et Customer Success souhaitaient prévoir une journée “focus”, afin de travailler sur des tâches longues sans être sollicitées, mais elles n’ont pas réussi à la mettre en pratique, rattrapées par l’opérationnel au quotidien.

Ceci dit, de l’avis général, l’expérience est un succès et le dispositif doit être officialisé de façon pérenne dans les prochaines semaines. Le dernier mot sur cette semaine de 4 jours aménagée revient au CEO Stéphane Rios : 

"Le Test & Learn est une pratique résolument ancrée chez Fasterize, autant pour le développement de nos produits que pour notre organisation. Les avantages de la réduction du temps de travail hebdomadaire semblaient évidents, mais le mieux était de tester en conditions réelles. Conclusion : c'est un succès et nous adoptons la semaine de 4,5 jours à l'unanimité ! Outre les bienfaits d'avoir plus de temps pour soi, je pense que la réussite du test est aussi liée au fait que nous n'avons pas foncé tête baissée et que nous avons pris le temps de réfléchir aux avantages comme aux risques. Aussi, chaque équipe a pu adapter les conditions de test de façon intelligente par rapport à son organisation et ses besoins. En somme, la semaine de 4 jours fonctionne très bien dans la tech et pour des métiers de service, mais aussi dans la restauration ou des entreprises de manufacture... Je suis convaincu que ce modèle peut se généraliser et qu'il contribue à la qualité de vie au travail."

Anaïs Farrugia

Après un master de droit et management de la culture et des médias, Anaïs intègre la rédaction de L’ADN pour un stage de 6 mois. Elle passera ensuite par le monde des agences, notamment en tant que consultante éditoriale chez Brainsonic. Elle réintègre L’ADN en 2019 au poste de Journaliste.
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