
Alors que les Jeux d’hiver font l'objet de mille critiques, la Chine essaie de se racheter une conscience écologique en annonçant des JO neutres en carbone.
À l’occasion de ces jeux qui se tiennent du 4 au 20 février 2022, le premier pollueur au monde déploie un panel de technologies vertes : énergies éolienne, solaire, mais aussi transports à l’hydrogène, et la plus grande batterie de stockage d'énergie hydraulique au monde.
Des Jeux olympiques verts ?
Alors qu’en novembre 2021, le Point rapportait que la Chine aurait augmenté sa production de charbon à un million de tonnes par jour, l’empire du Milieu entend repousser les critiques selon lesquelles sa rhétorique et ses politiques ne sont guère plus que de l'écoblanchiment. Ironique quand on voit le déploiement de neige artificielle nécessaire à la tenue de ces JO. La région des sites olympiques est frappée de sécheresse hivernale. Les organisateurs l'assurent, ces Jeux seront respectueux de l'environnement.
À cette fin, le comité d'organisation de Pékin a annoncé un certain nombre de mesures : huit sites des JO d’été de 2008 sont ainsi réutilisés, rapporte l'Obs. Le « cube d’eau » des épreuves de natation a été transformé en cube de glace pour le curling. Enfin, les sites de compétition seront alimentés à 100 % par de l'électricité verte. Suffisant ? Pas vraiment !
Si selon le Quotidien du Peuple, l'organe de presse du gouvernement chinois, les Jeux olympiques nécessiteront l’utilisation de 400 GWh (0,4 TWh) d'énergie renouvelable au lieu des 14 000 GWh initialement prévus, cette estimation ne prend pas en compte l'énergie consommée pour la construction des sites olympiques et en particulier les opérations de déploiement de neige artificielle.
Une catastrophe écologique
Loin des poudreuses alpines, la fabrication de neige dans une région comme Pékin est une activité extrêmement énergivore qui comprend l’utilisation de combustibles fossiles des machines d'enneigement et d’exorbitantes quantités d’eau. En effet, il faudrait 185 485 177 millions de litres d'eau pour recouvrir les pistes olympiques de neige, rapporte le média économique Quartz. Une catastrophe écologique dans l'une des régions du pays les plus touchées par le stress hydrique. Enfin, alors que les Jeux se déroulent dans une bulle sanitaire, loin du peuple, 25 millions de foyers ont vu leurs poêles à charbon remplacés par des systèmes de chauffage électrique ou à gaz. Histoire de donner le change.
Si l' « effort » est là, jusqu’à présent les énergies renouvelables ne représentent encore qu'une part mineure du bouquet énergétique du pays.
Sur les 40 170 TWh d'énergie consommés par la Chine en 2020, seuls 12,6 % provenaient d'énergies renouvelables, rapportait le média The Conversation. Pour donner un ordre d’idée, en France, le ministère de la Transition écologique estime que 12 % de l’énergie consommée dans l'Hexagone la même année provient d'énergies renouvelables, 40 % du nucléaire et 29 % du pétrole.
En outre, cette année coïncide également avec un record de production de charbon. Selon le Bureau national des statistiques de Chine, le pays aurait produit 4 milliards de tonnes de charbon en 2021, soit une augmentation de 4,7 % par rapport à l'année précédente.Une étude sur le sujet publiée en octobre 2021 par l’institut Montaigne affirme que la Chine serait responsable de 57 % de la production mondiale de charbon. Ironiquement, cette année, l'empreinte écologique des Jeux olympiques de Pékin pourrait bénéficier de la pandémie et de l’interdiction de spectateurs internationaux de se rendre aux Jeux par avion.
Plus généralement, ces Jeux mettent un coup de projecteur sur des JO de plus en plus polluants : un article publié dans la revue scientifique Nature en avril 2021 confirme ce constat : depuis 2002, les JO polluent. Dans l'article, les chercheurs proposent de réduire les Jeux, d'organiser des jeux sur les mêmes sites tous les quatre ans. Somme toute, du bon sens.
Participer à la conversation