Femme assise en position du lotus au milieu d'un bureau avec des collègues stressées autours

Après les tickets resto, voici le « legal care » , ou quand l'entreprise offre une assistance juridique à ses collaborateurs

© Antonio Diaz via Getty images

Et si proposer les services d'un avocat à ses collaborateurs devenait un avantage salarial différenciant sur un marché en hypertension ? C'est le pari de la legaltech Ekie, on vous explique.

On connaît les legaltechs, ces sociétés au croisement de la technologie et du droit qui ont pour ambition de démocratiser l’accès aux services juridiques. Mais on connaît moins les Legal Care. C'est ainsi que se présente Ekie. Partant du principe que les salariés sont régulièrement confrontés à des problèmes d’ordre juridique, préoccupants et chronophages, qui impactent leur quotidien, Ekie propose aux entreprises de faire bénéficier leurs collaborateurs d’une assistance d’avocats pour prendre soin d’eux au quotidien à ses collaborateurs. Raphaël Jabol, CEO d'Ekie, nous explique.

D'où vient l'idée de la création de ce service que vous considérez comme du Legal Care ?

Raphaël Jabol : L'idée vient du constat que l’accès au droit du quotidien est très inégalitaire, voire inexistant, et que le lieu de travail est un endroit où cette inégalité se concrétise réellement. En effet, vie personnelle et professionnelle sont complètement imbriquées. Un problème de garde pour enfants impacte directement notre vie professionnelle, puisque ce problème nous empêche tout simplement de nous rendre au travail. Notre réflexion de base portait donc sur la façon de faire cohabiter vie personnelle et travail. Ekie (anciennement Avostart), service d’assistance juridique du quotidien, permet aux entreprises d’offrir du temps à leurs salariés, en les libérant de leurs contraintes légales et administratives.

Certaines banques ou assurances proposent déjà des services d'assistance juridique. En quoi votre service est-il différent ?

Aujourd’hui ce qui existe, ce sont des services de mise en relation avec des juristes qui se trouvent sur des plateaux type call center. Notre service de Legal care est différent de ceux des banques (assistance ou protection juridique). Ce que l'on propose, c'est une mise en relation au quotidien avec des avocats spécialisés, quelle que soit la situation (immobilier, finances, social,...). On oriente en fonction du litige vers des profils experts là où ces plateformes proposent des profils généralistes.

Les chiffres du marché montrent que les services proposés par les banques ou assurances sont peu sollicités et se situent entre 2 et 4 % d’utilisation. Aujourd'hui, dans les entreprises qui proposent notre solution, au bout de 12 mois, nous constatons un taux d'utilisation qui oscille entre 40 et 70 %.

Qui prend en charge votre service ? L’employeur, le salarié ou les deux, comme pour les mutuelles ou les titres-restaurant ?

Le service est à la charge de l’employeur. Notre ambition est simple. On part du principe qu'au quotidien, 4 piliers impactent la vie des collaborateurs. À ce jour, la plupart des entreprises contribuent aux dépenses des trois premiers piliers : la santé, la mobilité, les repas. En effet, concernant la santé, la loi ANI (janvier 2013) prévoit une couverture complémentaire santé pour l’ensemble des salariés. Pour ce qui est de la mobilité, les entreprises sont incitées via des dispositifs fiscaux à prendre en charge une partie des déplacements de leurs collaborateurs et idem pour les titres-restaurant.

Notre objectif est de couvrir le 4ème pilier que l'on désigne comme celui du légal et plus largement de l'administratif. On estime que c'est un pilier au même titre que les trois premiers car tout le monde y est confronté. Ce n'est pas quelque chose d'accessoire. En effet, les problématiques juridiques liées à la vie quotidienne sont nombreuses (achat de bien, endettement, relations familiales, etc.) et cela impacte forcément la vie au travail. Il nous semble donc évident que l’entreprise a son rôle à jouer dans tous ces sujets.

Concrètement, comment fonctionne Ekie ?

Grâce à un algorithme de « Machine Learning » de « traitement automatique du langage naturel » (TALN) couplé à une technologie de mise en relation dynamique ( « auto-dispatch » ), un salarié peut poser une question avec ses propres mots en 2 minutes et obtenir une réponse d’avocat en moins de 24 h. Depuis avril 2021, plus de 100 000 questions ont été résolues sur Ekie avec une satisfaction client de 4,8 sur 5.

Ce complément de service va au-delà d’un simple outil numérique de productivité puisqu’il accompagne les employés jusque chez eux, dans un contexte où le travail s’organise en mode hybride. La plateforme leur permet d’obtenir (en illimité) des renseignements juridiques pour répondre à une interrogation liée au droit ; et si nécessaire, d’être pris en charge par un avocat (accompagnement en procédure amiable ou judiciaire).

Quelle est la typologie de vos clients ?

On touche des entreprises de toute taille parce que l’enjeu, dans un marché de recrutement en tension, est le même pour toutes : fidéliser les talents. Celles qui font appel à nos services ont l'ambition d'accompagner, conseiller et aider leurs salariés dans leurs problèmes ou questions du quotidien, et ainsi leur permettre d'améliorer l’équilibre entre vie professionnelle et personnelle. À ce jour, de nombreuses entreprises proposent des services à leurs employés, l’enjeu désormais est de déterminer ce qui est accessoire de ce qui ne l’est pas pour se différencier. À ce titre nous pensons que le Legal Care est différenciant.

Des entreprises et startups telles que L’Oréal, Ardian, Contentsquare, LinkedIn, Deezer, Luko, Airbnb, PayFit, Frichti, Morning, Leeto ou encore BNP Paribas offrent d'ores et déjà notre service d'assistance juridique à leurs employés. Ces entreprises ont compris que le bien-être des salariés va bien au-delà de la table de ping-pong et de la corbeille de fruits.

Ce type de prestation de services s'inclut donc dans la politique RSE des entreprises ?

Je pense que cela va au-delà de la politique RSE. La question se situe plutôt au niveau de la concrétisation des valeurs de l'entreprise auprès des employés. Le travail prend beaucoup de place dans une vie. Nos clients, grandes entreprises, ETI, PME et startups, veulent proposer à leurs talents beaucoup plus que les avantages salariaux traditionnels.

L'enjeu pour les entreprises est de passer d'un rôle de business partner à un rôle de people partner. Elles doivent sortir de leur « simple » rôle d'employeur, pour simplifier la vie des salariés en ne les considérant pas uniquement comme des collaborateurs ou des salariés mais en les prenant en compte dans leur dimension globale d'individu.

L'un de nos clients nous a dit : « La vie privée de nos collaboratrices et collaborateurs ne nous regarde pas, mais nous ne pouvons plus ignorer qu’ils en ont une. » Partant de ce principe auquel j'adhère, je suis intimement convaincu que d'ici quelques années le Legal Care deviendra une norme au même titre que la mutuelle santé.


Le saviez-vous ?

Sur le seul mois de novembre 2021, plus de 4,5 millions de personnes ont quitté leur emploi aux États-Unis, et en France on assiste à un phénomène similaire à tel point qu’on parle désormais de « Grande démission ».

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