
Le monde associatif est en pleine mutation. La crise liée au Covid-19 est un moyen pour certaines OSBL de se repenser, de s’organiser dans le changement, d’agir et de donner du sens à leur objet, comme acteur économique et citoyen.
Cette crise va avoir des répercussions économiques, sociales et financières qui vont inéluctablement toucher les OSBL (Organisations sans but lucratif). Dans ce contexte exceptionnel, la résilience et la capacité de ces organisations à répondre aux défis sociétaux vont être éprouvées.
Depuis plusieurs années déjà, celles-ci subissent une diminution de leurs ressources avec une décomposition variable des sources de financement. Le surendettement de l’Etat, accentué par cette crise dont la durée est estimée à 3 ans par les experts, risque d’entraîner une chute des subventions historiques, avec un impact retentissant sur le secteur des OSBL.
1 - Redéfinir son modèle socio-économique
De ce fait, ces dernières vont devoir faire face à l’effet « ciseau » avec, d’une part, une baisse et une fragilité des moyens financiers, d’autre part, une demande croissante d’interventions sur le terrain. Un vrai dilemme.
Les enjeux sont importants et l’actualité nous prouve à quel point le tissu associatif continuera d’être sollicité dans les semaines, les mois et les années à venir.
Pour faire face cette difficulté les OSBL vont devoir repenser leur stratégie, en reprécisant le triptyque Vision/Mission/Valeur et, de fait, redéfinir leur modèle socio-économique. La réflexion doit s’opérer maintenant et la mise en œuvre doit suivre dans les mois à venir.
Elles vont devoir penser hybridations de ressources pour faire face à cet « effet ciseau ».
La structure juridique d’une entité qu’elle soit OSBL ou Entreprise, est bien de dégager des excédents de résultats ainsi que de la trésorerie pour accomplir sa mission.
2 – Miser sur l’hybridation des ressources financières, humaines et juridiques
Une fois la stratégie validée, il faut alors trouver les moyens pour atteindre ces objectifs. Les ressources sont les moyens et elles sont nombreuses : financières, humaines et juridiques.
Les ressources financières :
- Les recettes : subventions, dons, mécénats, partenariats d’entreprises, les financements bancaires…
- L’optimisation des coûts par réduction, évitement ou mutualisation est trop souvent négligée, alors qu’elle permet de réduire les coûts et donc de dégager des ressources.
- Le mécénat en nature permet de ne pas à avoir à décaisser pour investir ou acheter des produits.
Les ressources humaines :
- Les OSBL ont la capacité d’avoir recours au bénévolat et au mécénat de « compétences » en plus des contrats plus classiques.
Les ressources juridiques :
- Les OSBL ont le choix parmi de nombreux véhicules juridiques pour répondre à leur stratégie. Les plus connus : associations, fondation RUP, fonds de dotation.
- Les alliances, les échanges d’économies de moyens, les fusions….
- Avoir des filiales commerciales, des alliances internes entre structures non-profit.
3 – Architecturer son organisation
Tous ces points abordés, on se rend compte qu’une OSBL pourra aller piocher dans ces différentes cases pour architecturer son organisation.
Ainsi, l’hybridation des ressources pourra être composée de différents véhicules juridiques en fonction de ses besoins d’organisations opérationnelles et financiers.
4 – Mesurer la viabilité du projet global
Avant d’implémenter ces décisions, il est important de poser un SWOT afin de mesurer, les Forces et Faiblesses internes et les Avantages et les Inconvénients de ce montage juridico-financier.
Bien évidement cette articulation devra répondre aux obligations légales tant en droit des affaires qu’en droit fiscal.
Ces aspects juridiques et fiscaux rendent la réflexion et la mise en œuvre parfois complexes et obligent à monter des « usines à gaz » pour répondre à la stratégie définie tout en respectant les différentes lois qui s’entremêlent.
La prise de conscience d’un engagement citoyen a fortement progressé au sein des populations ce qui pousse le législateur à faire évoluer les lois, en plus de sa volonté de se désengager de certains financements. La loi PACTE y contribue.
Selon le législateur il existe trois pans dans l’économie : Les structures non-profit, les ESS et les Entreprises commerciales.
Il existe des ponts entre les différents pans juridiques mais le cadre fiscal doit évoluer pour assouplir les liens possibles et les aides réciproques dont chacune d’elle aura besoin.
La porosité des frontières entre l’économie et le social se dessine progressivement.
5 - Intégrer dans cette réflexion l’interaction et la mutualisation avec son écosystème
L’hybridation des ressources internes a été évoquée, mais il va s’agir dans les prochains mois également d’hybridation plus globale dans l’écosystème.
En effet, non seulement les OSBL doivent repenser leur organisation interne, mais elles devront intégrer dans leur réflexion une plus grande interaction et mutualisation avec leur écosystème.
Les collectivités locales, les Entreprises et les Associations devront demain encore plus interagir, mettre en commun des moyens pour répondre aux besoins relevant de l’intérêt Général et du Bien Commun.
Les entreprises, vont devoir être accompagnées sur ce qu’elles peuvent engager dans ce périmètre.
Des alliances, des mutualisations de moyens entre ces différents acteurs vont devoir s’opérer et surtout pouvoir se développer, tout en respectant les droits fondamentaux.
L’important sera que tous les acteurs conservent leur indépendance d’action et de décision et ne subissent aucune influence de gros financeurs privés.
Force For Good, en partenariat avec l’IDAF et le CERPHI (Centre d’Etude et Recherche sur la Philanthropie) organise le 30 juin un webinar de restitution d’une enquête réalisée auprès des dirigeants associatifs. Cette enquête “prend le pouls” du secteur, évalue l’ampleur des mesures mises en place pour faire face à la crise sanitaire, et éclaire ainsi les perspectives pour demain.
Le Webinar se tiendra le 30 juin de 11h30 à 12h30, inscrivez-vous ici.
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