Dessin de deux femmes

Le double défi du déconfinement : appréhender différemment le temps et la complexité

Avec Neotopics
© Ada Yokota via getty images

Interrogés pendant le confinement, près de 8 Français sur 10 espéraient que leur vie serait différente « après ». Le temps lent et séquencé du déconfinement rend cet « après » moins immédiatement tangible. Pour autant, difficile de dire « on continue comme avant ».

Grandes ou petites entreprises, managers ou salariés, selon les secteurs d’activité et les métiers, tout le monde a vécu le même moment, mais pas de la même façon. Comment mettre en perspective les décisions à venir ? Quelle attitude et quelle stratégie adopter ? Agir progressivement, être positif et pragmatique, trois postures pour un double défi post-crise : appréhender différemment le temps et la complexité.

Agir progressivement et prendre le temps du bilan

À la lecture des nombreux sondages et études parus dans les médias, la plupart des décideurs s’accordent sur un point, il va falloir être patient et prendre le temps du bilan. Dit dans un vocabulaire managérial : ne pas confondre vitesse et précipitation. Fin mai, à travers les annonces d’investissements nationaux et européens, on a parlé de la [re]lance. Le mot qui s’impose maintenant est un cran en dessous, il est avant tout question de [re]prise et de [re]tour sur le lieu de travail des salariés. Synonymes : lenteur, montée en charge, [ré]organisation, [re]structuration, etc. Pour les plus pessimistes, le ressenti est celui d’un sas de déconfinement, les plus optimistes espèrent un décollage, ce « take off » défini par l’américain Rostow. Groupes de réflexion, plateformes d’expression, sondages, carnets de bord partagés et retour d’expérience : à chaque entreprise, d’identifier la méthode la mieux adaptée à sa culture et aux enjeux qui lui sont propres.

Etre positif et voir au-delà du temps présent

Des idées et une certaine vision du progrès doivent être remis en cause ? On serait tenté de dire tant mieux. Il faut être positif, voir au-delà du moment présent et faire face à la question de « l’immanence », ainsi que le relève l’historien Pascal Ory dans le Journal des Arts. La période agit comme un stress-test quels que soient les sujets, l’évolution des lieux de travail, des modes de production et de gouvernance notamment, mais surtout elle met à l’épreuve le sujet qui occupe depuis plus d’un an nombre de grandes entreprises françaises : la définition de leur raison d’être. Certaines, parfois un peu vite, avaient déjà annoncé le résultat de ces réflexions. En à peine deux mois, les promesses et les raisons d’y croire ont été confrontées à la réalité. Gérard Mulliez, le patriarche et fondateur d’Auchan, à la parole habituellement très discrète, le résume ainsi dans une tribune des Echos, il faut « passer de l'ère des grands 'diseux' à celle des grands 'faiseux' ». Bref, pas de raison d’être sans programmes concrets. La notion d’utilité, régulièrement étudiée par les sondeurs (Kantar, CSA, etc.), a pris un autre sens. En matière de consommation, les attentes se portent vers les entreprises et les marques impliquées dans la société. 23% des Français désirent que les marques servent d’exemples et guident le changement.

Etre pragmatique pour composer avec la complexité

Enfin, il s’agit d’être pragmatique pour composer avec la complexité. La crise sanitaire a montré l’interdépendance de tous et révélé un monde fait de connexions. S’impose la nécessité d’articuler plus fortement les thématiques, sans exclusion les unes des autres, la santé et l’économie, le télétravail et l’esprit d’équipe, la proximité et la mobilité, toutes générations confondues. Un exemple : avant mars, les enjeux environnementaux dominaient nombre des stratégies d’engagement RSE, portées par de grands mouvements internationaux (Climate for Change, etc.) Le confinement a révélé des inégalités (qualité des emplois, précarité, isolement,...), invitant plus fortement à penser les enjeux sociaux et sociétaux au même niveau et en articulation avec ces enjeux environnementaux. Plus d’un tiers des Français ont ainsi déclaré mal vivre le fait d’être confinés à leur domicile (Ifop). Parmi les éléments du cadre de vie idéal, le contact avec la nature a émergé fortement (38%, étude Obsoco). Or, le rappellera-t-on jamais assez, un salarié est un citoyen et un consommateur. En avril 2020, 81% des Français pensaient que leurs choix peuvent changer la société (Cevipof/OpinionWay), soit le meilleur niveau depuis plus de 10 ans (Opinion Way, 2009). Du point de vue des entreprises, en termes d’engagement et de responsabilité, cette donnée nouvelle est à considérer fortement.


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