
Moche, cher, lent. Alors que l’idée de l’impact carbone du numérique progresse dans les consciences, l’agence de communication WAT passe au crible les idées reçues sur les sites éco-socio-responsables.
27 ans, 7 mois et 6 jours : voici le temps qu’un Français moyen passera devant les écrans au cours d’une vie, rappelle en préambule l’équipe de l’agence de communication corporate et RH WAT. Un chiffre marquant qui vise à rappeler que notre pratique virtuelle a un impact réel sur la planète soit l’équivalent chaque jour d’un déplacement de 6 km en voiture thermique pour chaque Français.
Néanmoins ce n’est pas une fatalité, expliquent Céline Thillet, directrice du planning stratégique, Fabrice Arsicot, directeur conseil et responsable du pôle digital et Bertrand Anne, directeur de clientèle, lors de ce webinar animé par Lucille Fleury, responsable communication. Pour eux, le numérique est un « Pharmakon », le poison et le remède, à condition d’appréhender ces problématiques de manière plus responsable.
Ils présentent la notion de site éco-socio-conçu, soit une conception web responsable qui prend en compte l’impact environnemental mais aussi social et sociétal. Pour mesurer les efforts entrepris et/ou à entreprendre, l’agence a mis en place un index fondé sur cinq piliers : la sobriété, l’utilité, l’éthique, l’attractivité et la performance. Encore faut-il en avoir envie. Pour ça, WAT déconstruit une à une les idées reçues sur les sites éco-socio-responsables.
1. C’est gadget
Pour l’équipe de WAT, c’est un grand non. Si certains outils peuvent être mis en place pour de mauvaises raisons, lorsqu’elle est bien faite, la démarche est au contraire « très profonde, assure Céline Thillet. Il s’agit de s’interroger sur l’utilité de ce que l’on fait, c'est-à-dire sur les besoins réels et concrets des cibles ». Puisque l’on parle de sobriété, il faut se débarrasser du superflu. Fabrice Arsicot prend pour exemple l’espace carrière du site BNP Paribas, repensé avec les candidats afin de définir ce qui est vraiment utile. Résultat : une économie de texte et un choix dans l’organisation pour une plus grande efficacité du parcours utilisateur !
2. C’est moche
Oui et non, reconnait l’équipe. « Tout dépend d’où on met le curseur. Si on pousse le principe à son extrême, le meilleur site est une page blanche et une typo noire », affirme Fabrice Arsicot. Une sobriété radicale qui peut plaire mais ne sera pas au goût de tous. Le directeur du pôle digital prend l’exemple du site Hackstock, un podcast sur la culture hacker créé par deux designers activistes. La note d’éco-conception est irréprochable et colle avec l’esthétique de niche, recherchée mais difficilement généralisable. De l’autre côté du spectre, Vogue, « sublime », mais au score de sobriété faible, malgré l’aspect noir et blanc du site de mode. La preuve que l’éco-socio-conception est un iceberg dont la partie visible ne constitue qu’une part minime des efforts ; le reste concerne la technique. Du côté des bons élèves, Nike donne « une masterclass digitale », félicite Fabrice Arsicot. L’astuce se trouve dans l’organisation de l’écosystème : à chaque enjeu (corporate, recrutement…) son site, ce qui permet d’alléger l’architecture, de canaliser le trafic, tout en gardant une qualité esthétique haut de gamme parfaitement dans les codes de la marque.
Autre exemple avancé par l’équipe, Center Parcs, réalisé par WAT qui utilise de grands visuels mais évite la vidéo, lourde, et applique une politique éditoriale adaptée. « 20 % de la masse éditoriale d’un site génère l’essentiel de son trafic, rappelle Fabrice Arsicot. Y’a-t-il du contenu inutile ou que l’on peut archiver ? »
3. C’est moins performant
« C’est totalement faux, voire plutôt l’inverse », affirme l’équipe. Bertrand Anne donne en exemple le site du groupe Avril, dont la note de performance est assez moyenne selon les indicateurs de WAT, notamment dans sa version mobile. Le groupe industriel propose alors une version « basse consommation », plus sobre, qui permet de faire l’impasse sur certains contenus lourds afin d’être plus performant.
Le site du groupe InVivo a quant à lui une performance très haute, grâce à des techniques comme le lazy loading, qui permet de charger les éléments volumineux en différé.
« La performance technique est par ailleurs prise en compte dans certains des algorithmes de référencement de Google », souligne le directeur de clientèle : elle devient alors un véritable atout SEO.
4. C’est long et cher à créer
« Oui, mais », répond WAT. « C’est long mais ça va aussi durer plus longtemps », défend Fabrice Arsicot. Alors qu’un site a une moyenne de vie entre 3 et 5 ans, « on peut emmener des projets à 8 ans d’existence », rapporte-t-il. Il s’appuie sur l’exemple de Bouygues Construction, que WAT accompagne depuis 2015. « Le site a évolué par brique mais c’est le même depuis le début », se félicite le directeur conseil.
Afin de gagner en compétitivité, on peut aussi remettre en question la méthode de travail. Un plan de travail collaboratif avec toutes les parties prenantes du projet « permet un gain de 30 % de productivité » , rapporte Fabrice Arsicot. « On gagne du temps, on gagne en qualité et en sobriété. »
Eco-socio-concevoir « est une question d’équilibre, concluent les trois intervenants. On ne peut pas être bon partout et un curseur peut en impacter un autre. » Des arbitrages qui devront être faits avec « humilité », prévient l’équipe, en visant une démarche de progrès pour atteindre une pratique numérique plus responsable.
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