
Un réseau francophone vient de se créer pour qu’une personnalité juridique soit attribuée aux animaux, aux plantes et plus largement à tous les écosystèmes.
Pollutions, déforestations, extractions minières ou pétrolières, surexploitations des sols, ressources ou artificialisations des terres… dans le monde entier, les écosystèmes marins et forestiers sont dégradés par les activités humaines. De plus en plus de voix s’élèvent pour qu’une personnalité juridique soit reconnue à la nature. Loin d’amoindrir les droits humains, c’est une révolution de notre civilisation appelée à s’amplifier.
Protéger les écosystèmes avant même leur destruction
« Le droit de l’environnement actuel ne permet pas de protéger ou de préserver efficacement les écosystèmes naturels, en raison d’un rapport déséquilibré entre l’activité humaine et la nature et cela au détriment de l’ensemble des espèces » constate un collectif d’associations dans une tribune accordée à Libération. C’est en partant de ce constat qu’en France et plus largement dans toute l’Europe, des associations locales de défense de la nature ont officiellement annoncé la création d’un réseau francophone pour les droits de la nature. L’objectif est donc de protéger les écosystèmes avant même leur destruction et de rééquilibrer le rapport homme-nature.
Le mouvement est en marche depuis quelques années et tend à avancer de plus en plus vite. En bord de Loire, dernier fleuve naturel d’Europe, un Parlement est né, initié en 2019 par le Pôle arts & urbanisme (Paulo) et l’écrivain juriste Camille de Toledo pour donner une voix au fleuve et à tout son écosystème.
Aussi, cette même année, une déclaration des droits des arbres était présentée devant l’Assemblée nationale par l’association A.R.B.R.E.S. Puis, un collectif de 310 enfants issus de 10 pays européens, coordonné par la journaliste Elsa Grangier rédigeait une déclaration européenne des droits de la planète transmise à la Commission européenne. En septembre 2020, c’est une association suisse, ID·eau, qui lançait l’ « Appel du Rhône » pour reconnaître une personnalité juridique à ce fleuve trans-frontalier.
Prochaine étape, dès janvier 2021, un tribunal citoyen des droits des systèmes aquatiques en Europe se tiendra en ligne une fois par mois pour mettre en lumière des cas de violation des droits de la nature, comme ceux des boues rouges dans les calanques de Marseille, de la pollution du fleuve Maroni en Guyane, ou de la mer de Glace disparaissant sous l’effet du dérèglement climatique.
Défendre le vivant devant la justice
« Les droits de la nature sont un outil essentiel pour défendre le vivant devant la justice afin qu’il ne soit plus perçu comme un environnement passif, inerte, à la merci des dérives », reprend le collectif dans la tribune. « La personnalité juridique est déjà accordée aux entreprises et à d’autres personnes morales, alors que la nature, qui vit et nous fait vivre, se voit encore privée de ses droits. L’eau parcourt notre air, nos sols, remplit nos cellules, et en ce sens reflète la santé générale du vivant. Sans eau, point de vie. Les forêts sont les poumons de la Terre, les rivières et fleuves en sont ses veines, il est urgent de reconnaître leurs droits ! ».
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