
La huitième édition des BigBoss, rendez-vous BtoB rassemblant les plus gros décideurs du monde du digital, s'est déroulée à Marrakech. La participation, record depuis le lancement du concept en 2013, a fait entrer l'événement dans une autre dimension.
Tout se jouait, déjà, dans l'avion à destination de Marrakech, lieu choisi pour accueillir, du 9 au 11 juin 2017, la huitième édition des BigBoss. Cédric Sadai et Guillaume Lafond, cofondateurs de Powerspace, une société d'adtech spécialisée dans le native advertising, préparent, consciencieusement, la cinquantaine d'entretiens qui les attendent.
A peine auront-ils posé le pied à l'hôtel qu'ils devront, presque aussitôt, assister aux séances de speed dating. Une occasion rêvée pour eux de rencontrer parmi les plus gros décideurs du monde du digital, réunis à l'occasion de ce week-end de « business, fun et networking » , selon la formule consacrée. Sept minutes pour convaincre les « big boss », reconnaissables par le port d'un bracelet orange durant l’événement. Sept minutes pour ferrer le gros poisson.
Crédit photo : Jallal Seddiki (NonStoprod)
La Société Générale à l'assaut du continent africain
Parmi les « big boss » présents lors de cette huitième édition, il y a Aziz Daïfi, 37 ans, responsable de la stratégie digitale chez Société Générale pour le compte des filiales retail à l'international. 36 entités majoritairement présentes en Afrique francophone et en Europe centrale et de l'Est, incluant la Russie.
En Afrique, où le smartphone occupe une place prépondérante, Société Générale a lancé, il y a quelques mois, « un programme appelé Connect, et qui vise à équiper neuf filiales africaines en mobile banking », détaille Aziz Daïfi. L'application, déjà arrivée au Maroc, sera lancée dans les semaines qui viennent dans quatre nouveaux pays : Côte d'Ivoire, Sénégal, Cameroun et Ghana.
La banque travaille également sur un « modèle alternatif à la bancarisation – l'offre Youp -, qui est en train d'être déployé dans, peu ou prou, les mêmes entités que le programme Connect. »
Youp est un modèle d'agency banking. « L'agency banking, explique M. Daïfi, est le fait de faire de la banque, sans compte bancaire ni agence bancaire. L'intermédiaire, entre le système et le client, c'est un modèle d'agent ». Les « agents » sont des boutiques, des commerçants, qui vont monter un corner « brandé Société Générale slash Youp » et qui seront équipés d'un terminal qui leur permettra « d'activer de nouveaux clients dans cet écosystème-là. » Majoritairement, des clients non bancarisés.
Ces agents leur permettront de réaliser un certain nombre d'opérations : virements entre « wallets » (porte-monnaie électronique), virements entre compte et wallet, paiement de factures ou retrait de cash. « C'est une manière de déployer plus rapidement et à moindre coût un maillage relationnel bien plus important que le maillage d'agences que l'on peut avoir dans ces pays-là », résume-t-il.
Pour sa part, Aziz Daïfi a souhaité se rendre aux Big Boss « car on a aujourd'hui un marketing digital qui se développe très vite, avec des nouveaux acteurs, des nouvelles solutions et des nouvelles mécaniques. Donc il est important pour nous d'être à l'affût des nouvelles tendances pour pouvoir mettre en place, tester et comprendre les nouveaux modèles. »
Danse du ventre
Lorsque l'on entre dans le centre de conférences de l'hôtel où ont lieu les speed dating, ce qui frappe, c'est le brouhaha assourdissant qui y règne. Chaque fin de session est annoncée par un gong, théâtralement sonné par Hervé Bloch, organisateur de l'événement. Au total, 4 200 rendez-vous ont été passés durant les « BigBoss dating » . En moyenne, explique Hervé, « un big boss signe 1,9 deal par édition ». Ceux qui n’ont signé aucun deal sont cordialement invités à ne plus venir. Une manière d'assurer l'attractivité de l'événement.
Crédits photo : Jallal Seddiki (NonStoprod)
Nelly Brossard, directrice marketing et Internet à la Maif, ressort quelque peu sonnée de la première séance de datings. Mais contente : « Le format est intéressant car, avant même de commencer les datings, on peut sélectionner les sociétés que l'on souhaite rencontrer. Sept minutes, c'est bien. Si l'on s'aperçoit que le service ne répond pas tout à fait à nos attentes, cela passe vite et on apprend tout de même des choses. Et si c'est une solution intéressante, cela permet de se caler en direct sur les "next steps". En bref : on se revoit quand, avec qui, on creuse quel point et pour servir quel enjeu ? »
Digital factory chez la Maif
Lors de son arrivée en janvier 2016, Nelly Brossard a entamé une profonde réorganisation des forces de travail au sein de la Maif, résumée sous l'appellation « digital factory » : « Nous avons regroupé l'équipe marketing et l'équipe Internet qui étaient dans différents endroits dans l'entreprise. Les collaborateurs ont été réunis sur un même plateau. L'idée est de créer une équipe avec différents pôles : un pôle acquisition/fidélisation, un pôle expérience et un pôle développement, appelé "fabrication", qui développe des interfaces web et mobiles, front client et aussi un pôle "digital analyse" »
Le but ? Créer une synergie entre les équipes, « travailler en agilité, et raccourcir le time to market, le délai de mise en production des produits et des services. » « Nous avons recruté, poursuit-elle, quelques profils expérimentés à l'extérieur, pour contribuer à la montée en compétences des équipes, et on a surtout formé les collaborateurs en interne sur ces nouveaux métiers. C'est un vrai changement de culture et de façon de travailler. » A charge pour Nelly Brossard « d'impulser, donner le sens et accompagner les équipes dans cette transformation profonde. »
La Redoute se lance dans le voyage
Lors du deuxième jour, qui permet aux big boss d'aller plus loin dans l'échange avec les prestataires, dans un cadre moins formel et plus festif, était organisée une conférence de presse. Frédéric Maus, directeur business developement et marketplace à La Redoute, était invité à prendre la parole.
Crédit photo : Jallal Seddiki (NonStoprod)
Il a annoncé le lancement de l’entreprise dans le secteur du voyage. « On s'est dit qu'on avait une place à prendre, car c'est un univers plutôt féminin. On a cette chance de s'occuper de nos clientes, pour leurs achats personnels, pour leurs enfants, pour leur mari, sur du mobilier et de la mode. Pourquoi ne pas se diversifier ? Quand on a cherché quelque chose qui contribuait à leur bonheur, le voyage nous a semblé assez évident. »
Si les contours de cette offre ne sont pas encore pleinement définis, elle devrait être mise en place avant 2018, « idéalement après la rentrée. »
« Rémunération émotionnelle »
La conférence de presse fut aussi l'occasion d'annoncer un chiffre, record : 630. C'est le nombre de participants de cette huitième édition des BigBoss. En 2013, lors de la première édition, ils n'étaient que 179.
Derrière cette prouesse logistique, il y a un homme, Hervé Bloch, et une petite armée de 40 personnes venue l'épauler. Lui qui, enfant, se rêvait « chef de village au Club Med », a d'une certaine façon réussi son pari. Hervé Bloch est partout, dort très peu, tient grâce à « l'adrénaline » et étonne surtout par sa capacité à être aux côtés des participants.
« Mes équipes ne m'informent qu'en cas de catastrophe. Tout le reste du temps, je veux être auprès des gens », explique celui qui aime parler de « rémunération émotionnelle » pour évoquer la relation qu'il entretient avec les participants.
Quant à leur nombre croissant, de participants, Hervé Bloch promet de « s'arrêter là » : « Passer de 179 à 630 personnes, c'est abandonner le côté intimiste. » Pour pallier ce manque, le « chef de village » souhaite créer des verticales afin, aussi, de couvrir toutes les saisons d'une année en événements. La première a eu lieu fin avril sur le thème du tourisme. Deux autres sont déjà prévues. L'une, sur la mode et la beauté, aura lieu en partenariat avec La Redoute les 19 et 20 octobre prochain ; l'autre, dans le secteur de la banque et de l'assurance, n'a pas encore de date communiquée.
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