
Alors que l'envie d'entreprendre se développe, certains mythes subsistent. Explications de Laurent Baccouche, Commissaire Général du Salon des Entrepreneurs.
Est-ce qu'il n’y a pas une sorte de mythe autour de l’entrepreneuriat ?
Laurent Baccouche : Il n’y a pas un dîner, pas un lieu où l’on n'évoque pas le sujet avec envie. Avant, être indépendant c’était surprenant. Aujourd’hui, les vocations changent et les reconversions sont courantes. Mais celles et ceux qui se lancent ont parfois l’impression que l’aventure est facile : or il ne faut pas l’oublier, c’est un parcours, un investissement. Choisir ses horaires, cela signifie parfois ne plus avoir d’horaires du tout, devoir mettre sa vie personnelle entre parenthèses. Ce sont des passages obligés, et il faut le savoir… C’est aussi pour cela que nous proposons des séances de coaching. Rien n’est donné : il faut tester son produit, son marché, son idée, ses potentiels clients. Plus on partage avec ceux qui ont de l’expérience, plus on a de clés pour avancer. Et la communauté est super pour cela : il y a beaucoup de solidarité, de générosité, et une envie commune de faire avancer les choses.
Est-ce que cette dynamique entrepreneuriale est issue d’un rejet du monde du travail « standard » ?
L. B. : Je n’en suis pas certain. De nombreuses structures réussissent à intégrer les nouvelles façons de travailler, le bien-être sur le lieu de travail ou des projets d’intrapreneuriat. Il existe des solutions pour que les entreprises puissent conserver leurs talents et devenir des lieux de vie. Mais les gens ont de plus en plus l’idée que l’indépendance est un vrai moteur, incarne une liberté.
La France peut-elle soutenir le rythme et répondre aux aspirations de celles et ceux qui veulent se lancer ?
L. B. : Il y a un vrai message positif, et la France est devenue une terre d’entrepreneurs. Mais on peut toujours faire plus ! Il y a cette volonté et une vraie conscience de la part de l’ensemble des acteurs de l’écosystème pour faire bouger les choses : l’entrepreneuriat fait partie des moteurs de l’économie, c’est par là que la France grandira. Aujourd’hui, il existe encore des freins pour passer à l’acte, notamment concernant les premiers financements et les phases d’accompagnement. Il faut démocratiser cela, et nous comptons bien y participer.
L. B. : En tant que grand rendez-vous de l’entrepreneuriat, nous voulons proposer au maximum de gens des produits et des animations de qualité. C’est ce qui fait notre longévité et notre réputation. L’idée est de pouvoir trouver au salon à la fois des grandes tendances et des réponses à des problèmes et des besoins concrets. Nous nous positionnons comme un accélérateur : l’événement doit permettre aux participants de passer un cap. Faire avancer son projet, son business, son développement, son recrutement… Nous voulons nous adresser à tous les entrepreneurs, quel que soit leur stade de développement, ou leur secteur.
A l’heure où de nombreux événements se « verticalisent », n’est-ce pas risqué de vouloir mélanger tout le monde ?
L. B. : Ce qui est intéressant, c’est justement ce mélange. Les entrepreneurs peuvent s’inspirer les uns les autres, échanger, discuter, partager leurs expériences. Nous retrouvons de très jeunes pousses et des grands noms avec plus de visibilité. Cet enrichissement mutuel n’est pas mesurable, mais il y a un vrai intérêt à échanger avec ses pairs – et ses pères. J’y suis très favorable, c’est aussi ce qui permet d’atteindre une telle taille [l’année dernière, près de 64 000 personnes ont participé au salon, ndlr].
L. B. : Nous sommes plus exhaustifs que certains, cela permet de créer une véritable alchimie. Mais dans l’absolu, chaque thématique peut être traitée de manière verticale : c’est pour ça qu’il y a de nombreux autres événements ! Je nous vois comme complémentaires.
L'ADN est partenaire de la 25ème édition du Salon des Entrepreneurs, qui se déroule du 7 au 8 février 2018 au Palais des Congrès.
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