
Les Pays-Bas abritent Hogeweyk, un village senior dont les habitants sont atteints d'Alzheimer. Là-bas, les retraités ont la possibilité de vivre une vie « normale ».
Un salon de coiffure, une épicerie, un restaurant… Au premier abord, ce village hollandais fondé en 1996 est un lieu où les résidents mènent une vie normale. Sa particularité ? Ses habitants sont tous âgés et atteints de pathologies mentales telle qu'Alzheimer. Comptant aujourd’hui 169 résidents, âgés en moyenne de 85 ans, cette maison de retraite novatrice sort ses résidents de la violence d'une vie à l'extérieur, tout en leur assurant une socialisation cruciale. À Dax, ce modèle de village Alzheimer a fait des émules et a ouvert ses portes, récemment.
On vous emmène faire une petite visite.
Au nord-ouest du Pays-Bas, nichée dans la ville de Weesp, Hogeweyk abrite un microcosme pour le moins surprenant. Mêlés aux résidents, les employés de la maison de retraite sont incognitos sous leur vêtement de ville, à la seule différence de leur âge et leur formation de personnel soignant. Pourtant, loin du scénario voyeuriste du Truman Show, le village accompagne ses résidents dans une certaine émancipation et autonomie.
Pour cela, le village hollandais offre de multiples services tels qu’un restaurant ou encore une supérette où les résidents peuvent faire leurs courses. Pourtant, tel un jeu de poupée, aucune transaction réelle n’est réalisée. Une somme d'argent en fausse monnaie est distribuée à chacune des 23 maisons composant la résidence. Avec l'aide des soignants, c'est aux maisons de budgétiser l'argent comme elles le souhaitent au cours du mois.
Les habitants de Hogeweyk peuvent également utiliser de l'argent réel s'ils le souhaitent. Si une petite poignée des résidents reste assez lucide pour le faire, il est généralement dépensé pour de petits articles comme du dentifrice ou des biscuits. Il est aussi tout à fait possible aux résidents d’utiliser de l'argent réel au pub de l'établissement. Ainsi, comme dans la « vraie vie », les résidents montrant des signes d'abus d'alcool n'échappent pas au refus de service.
Destinés à l’accompagnement Alzheimer
Si la maison accorde une grande liberté à ses résidents, le terrain est tout de même entouré de caméras pour des raisons de sécurité évidentes. Ainsi, tous les accès sont conçus de sorte que si un résident se retrouve face à une porte verrouillée, il lui semblera naturel de trouver une porte qui ne l’est pas.
Au vu des bienfaits des activités extérieures/physiques sur les patients atteints de pathologies mentales, des cours de jardinage ou encore des promenades sont organisés pour les résidents dans l'un des nombreux jardins. Des recherches rapportées dans Business Insider montrent en effet que le simple fait de s'asseoir sur un banc en plein air pourrait contribuer à améliorer l’humeur et le bien-être général.
Bien que certains foyers soient conçus pour accueillir des personnes introverties, les résidents peuvent participer à de nombreux événements sociaux. Loin des booms de nos 15 ans, les résidents peuvent néanmoins s’inscrire à des soirées bingo, des associations, des représentations théâtrales ou encore à des rencontres entre voisins.
Une étude menée par Psychology Today rapporte, qu'en raison du sentiment d'utilité et de normalité relative, les résidents de ce village auraient une espérance de vie légèrement plus longue et se verraient prescrire moins de médicaments que des résidents en établissements plus traditionnels.
Répondre au bien-être d'une population vieillissante
Selon Santé publique France, le nombre de personnes atteinte d’Alzheimer est de 1,2 million. Dans le monde, on compterait 60 millions de personnes ayant la maladie d’Alzheimer ou une maladie apparentée avoisine. Ce nombre pourrait s’élever à 153 millions en 2050 alors que près de 10 millions de personnes sont nouvellement atteintes chaque année dans le monde.
Le coût global (sociétal) de la maladie d’Alzheimer est estimé de 818 milliards de dollars en 2015 dans le monde (soit 1,1 % du PIB mondial) rapporte la Fondation Mederic. En France, il est 25 fois moins cher, et s’élève à 32 milliards d'euros. Ce montant passera à 2 000 milliards de dollars en 2030, ce qui en fera la maladie la plus coûteuse du XXIe siècle.
La maison de retraite ouvre la voie à un nouveau mode de soins. Cette stratégie de soins humanisante a d’ailleurs inspiré la création d’autres centres d’accueil séniors. En France, en juin 2020, un village expérimental de 10 000 m2 ouvre à Dax afin d’accueillir des seniors atteints de pathologies mentales.
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