
Le fonds de Safran dédié aux jeunes sociétés technologiques et la filiale d’Engie dédiée aux startups innovantes ont investi dans Ineratec. Cette jeune entreprise allemande propose des technologies de production de carburants synthétiques neutres en carbone, se substituant aux carburants d'origine fossile.
Décarboner les avions
Safran et Engie expliquent vouloir atteindre la neutralité carbone du transport aérien à l’horizon 2050 en s’appuyant sur les technologies de pointe d’Ineratec. Aussi, les groupes industriels ont exprimé leur envie de travailler sur les différentes technologies de carburants aériens durables (SAF) incorporables dès aujourd’hui à hauteur de 50 % et de 100 % dans les moteurs ultra-optimisés de future génération.
D’ailleurs, début 2021, Safran avait déjà lancé avec General Electric Aviation, un programme de développement technologique aéronautique CFM RISE. Une innovation visant à mettre en service une nouvelle génération de moteurs durables pour le segment des moyen-courriers aux alentours de 2035. Cette gamme de moteurs devrait permettre de réduire de 20 % la consommation de carburant par rapport aux moteurs actuels. De quoi faire un peu déculpabiliser les amateurs du mouvement Flygskam.
Mais sur ce coup-là Safran et Engie ne sont pas seuls à vouloir changer le monde. En effet, décarboner l’aviation est un objectif stratégique pour de nombreux groupes industriels, constructeurs et compagnies aériennes. Aussi, pour créer le futur Tesla du ciel, la bataille risque d'être longue et rude. Ainsi, un an après le lancement de son projet d’avion à hydrogène, Airbus l’affirme : même s’il multiplie les initiatives visant à réduire l’impact carbone de ses appareils, la transition énergétique du transport aérien ne reposera pas que sur les épaules des avionneurs. Indépendante des choix énergétiques, l’optimisation des trajectoires nécessite aussi une dynamique collective. Si cette solution peut réduire jusqu’à 10 % les émissions de CO₂ des avions, elle nécessite la coopération des autorités de contrôle aérien.
Les e-carburants, l'avenir de l'énergie ?
Dans ce contexte, Engie New Ventures souhaite également favoriser le développement d'une offre de carburants décarbonés pour le secteur du transport lourd. De ce fait, l'hydrogène et les e-carburants (une classe de carburants de remplacement fabriqués en utilisant de l'électricité issue de sources décarbonées) joueront un rôle important dans la décarbonation de la mobilité lourde comme le transport maritime, ferroviaire ou aérien.
Ineratec propose des unités de production modulaires qui transforment l'hydrogène vert issu de l'électricité renouvelable et le CO₂ issu de la biomasse ou capturé, en carburants neutres en carbone, comme l’e-méthane, l’e-diesel, ou l’e-kérosène. Basée à Karlsruhe en Allemagne, Ineratec a déjà déployé 13 modules pilotes de production d'e-carburants pour différentes applications et a inauguré un premier module dédié au carburant aérien durable en Basse Saxe. Aujourd’hui, la startup souhaite financer un projet d’usine pilote à Francfort capable de produire 3 500 tonnes de carburant par an, dont du carburant aérien de synthèse qui fournirait directement l’aéroport. Ce projet a pour but d’atteindre une puissance de l’ordre de 10MW en 2023.
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