la porte de Brandebourg

À Berlin, des citoyens rêvent d'une ville sans voiture

© Alvarez

L'initiative citoyenne Volksentscheid Berlin autofrei souhaite assainir l'air de la ville et réduire son empreinte carbone. Sa solution : plus d'aires piétons, plus de pistes cyclables, plus de transports publics – et moins de voitures.

Aujourd'hui, l'Allemagne a l'un des taux de motorisation les plus élevés au monde : 574 véhicules pour 1 000 habitants. A priori, le cliché de l'Allemand fana de sa voiture est donc plutôt justifié. Il est alors d'autant plus notable qu'une campagne récente en faveur de la quasi-élimination de la voiture dans le centre-ville de Berlin rassemble plus de 50 000 signatures. Cette pétition fut soumise par un groupe citoyen berlinois luttant contre le réchauffement climatique.

Éliminer la dépendance à la voiture

Lancée par le Volksentscheid Berlin autofrei, ou l'initiative citoyenne « Référendum Berlin sans voiture », la pétition a pour objectif de limiter les voitures au sein du Ringbahn. Pour ceux qui ne connaissent pas Berlin, les arrondissements du centre sont entourés par le Ringbahn, sorte de RER particulièrement prisé des Berlinois. 

Si la pétition trouve un écho favorable auprès de la mairie, la zone d’environ 88 kilomètres carrés deviendra la plus grande aire piétonne au monde. Pour l'heure, rappelons que le Ringbahn délimite la zone environnementale de Berlin, établie depuis le 1er janvier 2008. Les véhicules circulant à l'intérieur doivent être munis d'une éco-pastille sous peine d’une amende de 80 euros. 

Dans le cadre du plan imaginé par Berlin autofrei, les individus à mobilité réduite ou qui ont besoin de leur voiture pour raisons professionnelles seraient exemptés, tout comme les ambulanciers, policiers ou pompiers. Les riverains bénéficieront, eux, de 12 trajets en voiture de location par an. Sous réserve évidemment, que le Land et la mairie adoubent le projet.

En matière de piétonnisation, l'Allemagne est plutôt avancée. En 2021, la ville de Heidelberg a investi dans une flotte de bus à hydrogène ainsi que dans la construction d'un réseau de « super-autoroutes » cyclables reliant les banlieues. Cet investissement s’est accompagné de mesures fortes incitant à la marche et à l’utilisation de transports en commun. Les habitants qui renoncent à leur voiture pourront bénéficier gratuitement de transports publics pendant un an, rapporte le New York Times.

Une transformation urbaine globale

Un rapport publié en 2014 par le parlement régional de Berlin a révélé que 58 % de l'espace de circulation était consacré aux voitures, alors que seulement un tiers des trajets dans les rues de Berlin étaient effectués en voiture. Seuls 3 % étaient réservés aux vélos, qui représentaient 15 % des trajets dont 18 % étaient effectués à l'intérieur du Ringbahn.

Alors que seulement 1,3 % des véhicules en Allemagne sont électriques, Nik Kaestner, ancien directeur du développement durable d'écoles publiques à San Francisco et membre de la campagne, a déclaré au média The Guardian qu’il serait nécessaire que « la moitié des voitures deviennent électriques d’ici l'année prochaine pour atteindre les objectifs du gouvernement fédéral en matière d'émissions liées au transport ».

Outre la circulation, l'initiative citoyenne a pour ambition de réduire le nombre d'accidents de la route mais aussi d'améliorer la qualité de l'air. En juin 2021 la Cour de justice de l'Union européenne rapportait que l’Allemagne avait excédé la limite moyenne annuelle imposée entre 2010 et 2016, de manière « systématique et persistante ».

En réponse à cela, la capitale allemande a accéléré la réallocation de ses espaces urbains depuis la pandémie. Ainsi, début 2021, l’administration de l'arrondissement de Mitte a accepté de supprimer un quart des places de stationnement dans le centre de la ville. Afin de réduire ses émissions carbone, Berlin interdit la circulation de voitures sur la Schloßstraße, la plus grande rue commerçante du sud-ouest, le dimanche. Les places de stationnement ont été remplacées par un trottoir plus large et des zones de chargement.

À l’origine de la campagne de Berlin autofrei, 20 000 signatures étaient nécessaires afin d’entamer officiellement le processus juridique. Aujourd'hui, en février 2022, le nombre de signatures a atteint le double de son objectif, soit 50 333.

Si la ville rejette la proposition, Berlin autofrei devra porter ce nombre à 175 000. Après ce stade, si la campagne essuie un autre refus, la proposition sera soumise à un vote public. Un scénario probable. La nouvelle maire sociale-démocrate de Berlin a déjà jugé l'idée « irréaliste » pour une ville de 3,7 millions d’habitants, analysait Libération. Utopie ?

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