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Management : un orchestre sans chef nous fait la leçon

© Cottonbro

Le chef d’entreprise est aux collaborateurs ce qu’un chef d’orchestre est à son orchestre. Voici ce que l'expérience d'holocratie de l'orchestre de l'Orpheus Leadership Institute nous enseigne.

Avancer en cadence. À l’orchestre ou au bureau, ce défi ne dépend pas que de l’architecture de travail mais aussi de la direction prise par chacun des collaborateurs. Pour cela, pas forcément besoin d'un seul leader.

C'est en tout cas ce que nous révèle Quartz dans ce reportage. À l’Orpheus Leadership Institute, chaque musicien a son « la » à dire. Grâce à une forme de leadership collaboratif, le processus managérial repose sur l'intelligence collective des musiciens. On vous raconte.

Harmoniser ses différents

Dans une salle, hautbois, trompettes et flûtes s’accordent. Le terne du plastique noir des chaises sur lequel les musiciens sont assis contraste avec la musique qu’ils produisent. Un élément manque pourtant dans cette peinture : la présence d’un chef d’orchestre. Si un orchestre a besoin de ce dernier pour donner le tempo et bien jouer la partition sans fausses notes, ici, point de chef d'orchestre. Dans cet orchestre atypique, chaque musicien fait partie du processus de création et tous sont guidés par un groupe de « leaders » qui dessinent la trajectoire de la partition.

En l'absence de stratégie de management « traditionnelle », le leadership collaboratif de l'orchestre se fonde sur la créativité et les compétences du groupe – remettant la logistique artistique d'un seul individu aux mains de la collectivité. Les décisions et les amendements de la musique sont ainsi changés au fur et à mesure des répétitions jusqu'à obtenir un résultat satisfaisant à tous. Basé sur un système anti-hiérarchie, les musiciens ne faisant partie du « groupe dirigeant » ne sont pas pour autant exclus du processus de création : telle une chaise musicale, chacun aura son tour dans le groupe de meneurs.

L'organisation de l'orchestre d'Orpheus souscrit ainsi à un modèle de rotation des dirigeants. « La clé », explique Julianna Pillemer, professeure à l'école de commerce de l'université de New York, dans une interview pour Quartz, « est de concevoir une infrastructure qui favorise la confiance entre les différents collaborateurs. » Appliquée au monde de l'entreprise, la pérennité de ce modèle serait garantie par une forte culture de l'entraide et de la collaboration. Une culture de travail qui faciliterait l'incorporation et l'acceptation des différences dans les décisions et le développement du leadership.

Concrètement, ça veut dire quoi ? Pour le violoncelliste Jim Wilson, qui joue dans l'orchestre, civilité est le maître-mot. Pour cela, des règlements autour du vocabulaire et du langage permis au sein de l'orchestre sont inscrits dans une charte de travail. Un procédé que l'on retrouve dans le monde de l'entreprise.

Les avantages d'accorder l’individu au rythme du collectif

Contrairement au leadership vertical, ce modèle de leadership collaboratif offre de nombreux avantages aux entreprises. Premièrement, au niveau managérial, il favorise un sentiment d'unité parmi les collaborateurs. Vecteur d’efficacité, le sentiment d’unité permet de définir et de maintenir les valeurs fondamentales d’une entreprise et d'aborder les potentiels sujets contentieux de manière stratégique, pragmatique et professionnelle.

Maintenant que l’orchestre s’est mis d’accord sur la partition à jouer, place aux répétitions. Si les premiers essais se voient interrompus par les suggestions ci et là, la prise de décision étendue à la globalité de l’orchestre facilite un échange et une vision collective du travail à fournir. Chaque musicien connaît alors sa place et sa valeur et peut participer au développement de l'œuvre musicale. Un procédé managérial applicable en entreprise.

Cela nous amène au deuxième point : la rotation des rôles de direction favorise l'humilité et le respect mutuel entre collègues. « Lorsque vous êtes à une place de leader », explique le directeur exécutif de l’orchestre Alexandre Scheirle, « vous apprenez à le faire de la manière la plus respectueuse qui soit, car une demi-heure plus tard, vous serez sur la sellette. »   Selon M. Scheirle, cette structure horizontale du leadership favorise la participation individuelle et le sentiment d'appartenance. Un sentiment vital dans le monde de l’entreprise puisque la valorisation des collaborateurs contribue au bien-être de l’employé et donc à sa productivité.

Pour preuve, une étude de Forrester et Gallup démontre que les entreprises misant sur la valorisation de leur expérience collaborateur ont vu la productivité de leurs équipes augmenter de 17 %, leur rentabilité de 21  % et la satisfaction client de 81  %. De quoi créer une belle symphonie de talents !

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