Tima Miroschnichenko

L’entreprise : nouveau lieu d’expression des émotions ?

© Tima Miroschnichenko

Le sujet du bien-être des salariés occupe désormais une place essentielle au cœur de la sphère professionnelle. Cette tendance, couplée à l’avènement du coaching, à la reconnaissance des profils atypiques ou à l’apparition de plateformes dédiées à la santé mentale, a ouvert la voie à une reconnaissance de la notion d’émotion en entreprise. Une pratique bénéfique pour les employés comme pour les organisations, à condition de ne pas verser dans l’ « emotion washing ».

Il y a encore quelques années, les émotions n’avaient pas droit de cité en entreprise : il était demandé aux collaborateurs de les laisser à la porte de celle-ci. Ce monde, autrefois administré par des impératifs de rigueur absolue et un culte exacerbé de la performance, s’ouvre dorénavant à des approches plus sensibles, plus émotionnelles, en un mot : plus humaines.

À présent, l'émotion semble à la mode en entreprise. Mais attention aux dérives liées aux effets de mode.

La nouvelle place de l’émotion dans le monde de l’entreprise

Alors qu’il était naguère exclu de la sphère professionnelle, le sujet paraît aujourd’hui avoir perdu son caractère tabou. La preuve ? Certaines personnalités publiques n’hésitent plus à faire état de leur mal-être au travail, à l’image du chanteur Stromae, victime d’un burn out.

De même, le recours au coaching est désormais mieux accepté, voire parfois valorisé au sein des entreprises. Certaines sociétés placent même l’expression et le respect des émotions au centre de leurs valeurs. Elles accompagnent alors leurs managers via des formations à la gestion d’équipes et promeuvent des notions telles que l’entraide, la solidarité, la bienveillance…

Cette nouvelle place occupée par l’émotion au travail se traduit également dans le recrutement. En effet, les soft skills, tant recherchées aujourd’hui, soulignent l’importance du savoir-être en entreprise. Et ce, à travers des qualités telles que l’empathie, l’aisance relationnelle, l’esprit d’équipe, la capacité à motiver les autres, etc. Autant d’aptitudes qui consacrent le rôle central joué par les émotions dans les rapports professionnels.

Et cette évolution s’est accélérée avec la crise sanitaire, qui a mis en exergue le caractère primordial des relations sociales. Un contexte qui a favorisé l’essor de startups œuvrant pour la qualité de vie au travail et dont l’objectif est de donner la priorité aux questions émotionnelles.

Réelle prise de conscience ou « emotion washing » ?

Néanmoins, comme toute nouvelle tendance, cette évolution s’accompagne d’un risque de basculer dans un simple phénomène de mode. Ainsi, la multiplication des plateformes technologiques peut conduire à une « ubérisation » de la santé mentale, en n’abordant que superficiellement les problématiques sérieuses associées. Le recours à de tels outils ne peut en effet se substituer à une réelle prise de conscience.

Il s’agit là d’un enjeu majeur pour les entreprises à l’heure actuelle. Certaines, observant l’importance croissante du sujet, peuvent ainsi être tentées de se contenter d’un changement en surface, sans faire évoluer leur approche managériale. À l’instar du greenwashing, on peut alors parler d’ « emotion washing » : une façon de soigner l’image de l’entreprise à travers des actions de façade autour des émotions. Mais ce décalage entre la communication et les actes finit souvent par se retourner contre ses auteurs.

Quel est le rôle des émotions au travail ?

À l’inverse, opérer une évolution en profondeur au sein de l’entreprise est loin d’être vain. Car les émotions portent en elles des vertus inégalables.

En effet, l’émotion présente tout d’abord la particularité d’être authentique et indiscutable. Elle constitue une réaction immédiate et transparente à un événement donné, en déclenchant un déclic intérieur. Ce dernier se traduit ensuite par un mouvement extérieur : le comportement. En d’autres termes, contrairement au discours (exprimé ou intérieur), l’émotion ne sait mentir.

De plus, elle représente elle-même un moyen d’expression. Ne vous est-il jamais arrivé de ne pas trouver les mots pour transmettre votre pensée, vos idées, un ressenti ? Les émotions offrent ainsi un langage supplémentaire, avec, de surcroît, un « vocabulaire » bien plus riche et nuancé. Car elles ne se résument pas à la peur, la joie ou la colère. Par exemple, l’ambition est une émotion, au même titre que la confiance ou l’espoir.

En ce sens, les émotions permettent à un individu de mieux se connaître. Elles ouvrent une fenêtre sur ce qu’il est vraiment, au-delà des mots qu’il parvient à exprimer et de l’image qu’il peut avoir de lui-même. Il convient ainsi d’apprendre à les comprendre et à les décrypter, afin d’identifier ses réelles forces et faiblesses.

Accompagnement centré sur l’émotion en entreprise : quels bénéfices ?

Les entreprises ont donc tout intérêt à proposer à leurs dirigeants, managers et autres collaborateurs un accompagnement par les émotions. Car ce travail permet aux employés de se recentrer sur leur essence, de se libérer et de se révéler.

Il s’agit notamment de les aider à lever les émotions freins, telles que la colère, la jalousie ou le sentiment d’illégitimité, et à se connecter aux émotions motrices, comme la joie, le plaisir ou l’ambition. Il convient toutefois de noter que certaines émotions peuvent appartenir aux deux catégories, selon les situations. Par exemple, la peur (d’échouer, de s’exprimer en public, d’être mis(e) de côté…) joue souvent un rôle paralysant. Mais dans d’autres cas, elle peut pousser à l’action, afin de se protéger d’un éventuel danger.

Et les résultats se font aussi sentir à l’échelle de l’entreprise. En effet, grâce à ses vertus individuelles, l’accompagnement par les émotions crée une dynamique positive, encourage l’engagement de tous et favorise la rétention des talents. Il aide ainsi à lutter contre le nouveau mal de l’entreprise : l’usure de la motivation des collaborateurs, aussi appelée attrition.


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