Deux personnes mangeant un burger

Business as unusual : quand les industries expérimentent de nouvelles idées

© Nomad

Lancer sa chaîne de burgers en un tweet, surfer sur le boom des livraisons à domicile, trouver un modèle de revenu aux gameurs expérimentés, ou encore repenser ses canaux de visibilité... quand intuitions et expérimentations portent leurs fruits pour créer de nouvelles opportunités business.

MrBeast Burger : bienvenue dans la creator economy

Ou comment on peut lancer sa chaîne de burgers en un tweet...

Qu’est-ce qui se passe ?

La pandémie a ébranlé la restauration, mais n’a pas tué ses capacités d’innovation. Au contraire. Parmi les nouveaux développements, on note l’explosion des ghost kitchens, à traduire par « cuisines fantômes ». Le principe est simple : ce sont des restaurants qui ne reçoivent pas de clients, et ne font que de la cuisine destinée à la livraison. En France, Uber Eats référence début 2021 plus de 1 500 restaurants virtuels, soit près de 6 % du total de ses partenaires. Une croissance de 50 % en à peine un an.

C’est quoi le problème ?

S’épargner les charges d’un pas de porte est évidemment très malin au moment où les restaurants sont fermés. Cependant, les ghost kitchens sont confrontées à un gros problème de communication. Leurs marques sont inconnues et peinent à se rendre visibles sur les plateformes de livraison dont elles dépendent.

Quelle solution a émergé ?

L’un des plus gros youtubeurs américains, MrBeast, 50 millions d’abonnés sur YouTube, a trouvé la solution. En décembre 2020, il a lancé sa chaîne de restaurants littéralement en un tweet. Il y annonçait la création de MrBeast Burger, une chaîne de 300 restaurants – uniquement des ghost kitchens en mal de clients. C’est la startup Virtual Dining Concept qui s’est chargée de la mise relation des restaurateurs et de l’entrepreneur. À peine lancé, le site a explosé sous les demandes, l’appli s’est hissée en tête des téléchargements, et MrBeast Burger était l’une des cinq requêtes les plus populaires sur Google. L’histoire ne dit pas si McDo avait vu venir cette nouvelle forme de concurrence...

Les dark stores au secours de la livraison du dernier kilomètre

Ou comment on peut surfer sur le boom des livraisons à domicile...

Qu’est-ce qui se passe ?

Directement inspirés des ghost kitchens, les dark stores, ou « magasins noirs », se sont aussi développés à la faveur de la pandémie, quand des points de vente contraints à la fermeture ont décidé de se transformer en centres de livraison. Beaucoup de petits commerces sont ainsi devenus des points de collecte pour les colis Vinted.

C’est quoi le problème ?

Pour livrer un produit, la chaîne de livraison est traditionnellement coupée en deux : la livraison longue distance amène les biens de l’usine à la ville, mais reste à trouver une solution entre les grands centres de dépôt et les particuliers. C’est le fameux marché du « dernier kilomètre » (ou LMD, pour last mile delivery) qui est chargé de redistribuer les biens sur une plus courte distance. Avec le développement de la livraison à domicile, ce marché explose et pourrait atteindre 66 milliards de dollars en 2026 (d’après Valuate Reports).

Quelle solution a émergé ?

Franprix fait partie des entreprises qui ont réussi à faire face à l’explosion de la livraison à domicile avec le confinement. L’enjeu ? Assurer à leurs clients la livraison sous une heure ou à J+1. Les employés de l’enseigne se sont adaptés en prenant en charge la préparation des colis, et un partenariat avec la plateforme de livreurs Stuart a été signé. Quatre points de vente dont le trafic était très réduit sont devenus des dark stores servant uniquement au e-commerce.

Nouveau job : coach en jeu vidéo

Ou comment trouver un modèle de revenu aux gameurs expérimentés

Qu’est-ce qui se passe ?

Avec la pandémie, notre consommation de jeux vidéo a explosé : en 2020, le marché français affichait une croissance à deux chiffres (+ 11,3 %) et dépassait les 5 milliards d’euros de chiffre d’affaires, d’après le Syndicat des éditeurs de logiciels de loisirs.

C’est quoi le problème ?

Ce n’est pas parce qu’ils sont débutants que les nouveaux joueurs ne veulent pas voir évoluer leurs personnages vite, et bien. Le résultat, c’est l’apparition de plateformes de rank boosting. Leur promesse, un service de mentorat où les newbies bénéficient des talents et conseils de joueurs plus expérimentés.

Quelle solution a émergé ?

Overgear est une plateforme de rank boosting qui s’est montée sur un constat simple : quand tu es ado, jouer aux jeux vidéo rapporte plus que vendre des burgers à McDo. La petite équipe, qui s’est enrichie grâce à World of Warcraft de manière complètement fortuite, décide de se professionnaliser. Aujourd’hui, la plateforme rassemble plus de 2 000 joueurs et revendique 1 million de dollars de revenus par mois. Le business model est simple : les débutants achètent les services des plus expérimentés, et Overgear rafle 12 à 16 % des dépenses. Dans un autre style, Gamer Sensei propose des cours de jeux vidéo pour 20 dollars de l’heure. L’entreprise s’est fait racheter pour 36 milliards de dollars en 2020.

Slack is the new app

Ou comment repenser ses canaux de visibilité...

Qu’est-ce qui se passe ?

Télétravail oblige, Slack est devenue l’appli à tout faire qu’on branche en continu, comme autrefois sa boîte e-mail. En plus de proposer un service de messagerie que tout le monde utilise, l’entreprise a développé des API qui permettent aux développeurs extérieurs d’y intégrer leurs propres solutions et applications. Pratique : un guide complet est disponible pour celles et ceux qui souhaitent se lancer.

C’est quoi le problème ?

Pour les médias, à l’heure où Google cultive le « zero click » et empêche un maximum les internautes d’accéder aux contenus, ces derniers doivent trouver de nouveaux moyens d’attirer leurs lecteurs. Et c’est là que les « Slack apps » entrent en jeu.

Quelle solution a émergé ?

L’une des meilleures success stories des services additionnels de Slack nous vient du New York Times. Le média a lancé le 18 février 2021 son application gratuite au sein même de la plateforme Slack. L’avantage par rapport à d’autres canaux : le côté résolument professionnel (et sérieux) de Slack, qui assure une concentration complète de la part des lecteurs. Mais puisque c’est un réseau pro, il faut aussi repenser l’expérience utilisateur : ici, pas de notifications intrusives, mais des suggestions pertinentes dans l’espace de travail, des recommandations et des listes de lecture « pour plus tard ». Ben oui, il ne faudrait quand même pas que l’actualité vienne empiéter sur la productivité d’une journée de travail... Selon les équipes du New York Times, il ne s’agit pas là d’une application « gadget », mais bien d’un réel vecteur d’audience.

Un article à retrouver dans la revue numéro 26 de L'ADN, Génération conso'tradeur, à commander ici

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