Créateurs de contenus : faut-il avoir peur de l’IA ?

Créateurs de contenus : faut-il avoir peur de l’IA ?

© Andrey Popov

La récente sortie de programmes d’IA d’une puissance inégalée nous invite à la réflexion. Dans quelle mesure l’intelligence artificielle va-t-elle bouleverser les métiers de création de contenus ? Comment l’intégrer à notre quotidien et travailler main dans la main ? Point de vue.

Par Thierry Decroix, Président de Canard & Cie

Une arrivée à grand fracas 

Alors qu’elle pouvait encore apparaître à certains comme un fantasme futuriste il y a quelque temps, la sortie de Chat GPT 3 le 30 novembre dernier a confirmé l’arrivée à grand fracas de l’IA dans notre quotidien. Avec plus d’un million de visites en une semaine, l’application de génération de texte lancée par Open IA a largement dépassé le score de visites des « monstres du net » – Twitter, Facebook ou encore Instagram – à leur arrivée sur la toile.

Le phénomène a été si puissant qu’il en ferait presque oublier les avancées d’autres IA sur des sujets de plus en plus variés. Parmi les plus impressionnantes citons notamment Beatoven, qui crée de la musique originale et libre de droits ou encore Otter, une IA capable de prendre des notes automatiquement pendant les réunions. 

Ces progrès significatifs encouragent déjà les acteurs à se positionner : Buzzfeed, le site d'information américain a annoncé que l’IA produira la majorité de ses contenus dès 2023. De son côté, Magma – la newsletter de prospective hebdomadaire – prévoit que 99 % des contenus créés sur le web le seront par des IA d’ici 2026. Un chiffre qui donne le tournis…

Alors faut-il avoir peur de l’IA ? Celle-ci va-t-elle remplacer les métiers de créateurs de contenus ?

Des logiciels à la pointe mais impuissants sans les humains  

Bien plus rapide, résiliente et en constante évolution, l’intelligence artificielle viendra sans nul doute bouleverser nos métiers à terme. Ceci étant dit, elle est très loin d’atteindre son potentiel maximum, et présente aujourd’hui de nombreuses failles. 

Tout d’abord, l’IA a besoin de l’humain pour fonctionner. En l’état actuel des choses, même le programme d’intelligence artificielle le plus abouti ne peut pas opérer sans l’aide d’un humain. 

En second lieu, les données qu’utilisent l’IA sont intimement liées aux biais observés dans notre société car celle-ci reproduit les limites cognitives de ses créateurs. Ainsi, les contenus sont malheureusement souvent entachés de discrimination raciale ou genrée.

Enfin, si elle se dit intelligente, l’IA ne fait pas encore preuve de discernement. Elle est donc incapable de jugement ou de sentiments. Par exemple, Chat GPT ne donne pas de sens derrière les mots qu’il utilise. L’information brute qu’il produit ne répond pas forcément à la diversité des demandes des publics ciblés, et ne parvient pas toujours à stimuler leurs émotions.

D’ailleurs Yann le Cun, chercheur et expert en IA, le confirme bien sur Twitter : « je serai très satisfait, si avant la fin de ma carrière, nous pouvions réaliser des machines avec le sens commun d’un chat, ou même d’un rat. L’intelligence de niveau humain viendra bien plus tard. »

De quoi rassurer les créateurs de contenus ! Car un bon contenu est d’abord le fruit d’un travail artistique, d’une réflexion, qui s’appuie sur la subjectivité de son auteur. Un bon contenu doit par ailleurs fournir une information fiable, donc vérifiée par son auteur, une mission dont l’IA est encore incapable. 

Ces craintes écartées, le potentiel d’un travail en commun est plein de promesses. 

Travailler main dans la main avec l’IA 

Même s’il est difficile de l’admettre, l’IA va bousculer nos habitudes. Et nous aurions tort de le nier ! Mais au lieu de le craindre, nous devons en tirer profit. En tant qu’agence de communication, média ou artiste, notre collaboration avec l’intelligence artificielle pourra automatiser une grande part de tâches chronophages pour l’humain, sans pour autant le remplacer. Ayant une capacité d'analyse de données bien supérieure à la nôtre, elle pourra diminuer les coûts tout en nous faisant gagner du temps. 

Tout l’enjeu est donc de trouver le bon équilibre pour avoir recours à l’IA lorsque cela est pertinent tout en conservant la différenciation qu’un créateur – quel qu’il soit : rédacteur, graphiste, musicien, etc. – apporte à son contenu. 

Par exemple, chez Canard & Cie notre équipe de production utilise déjà Chat GPT. « J’ai récemment utilisé l’outil pour avoir les premières ébauches d’un script vidéo. Cela permet de booster nos idées pour rédiger la suite », explique Romane Bart, notre cheffe de projet vidéo et image.

Une bonne illustration de notre état d’esprit : surveiller de près les évolutions de l’IA et l’intégrer dans nos quotidiens pour faire évoluer au mieux nos métiers. Le tout dans le but de continuer à produire les contenus de la meilleure qualité possible.

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