
Agences ou annonceurs, aujourd’hui tout le monde produit du contenu. Et souvent en masse. Seul problème : ce contenu a un coût environnemental sérieux. Un coût dont on ignore souvent l’existence car la pollution numérique est invisible. Heureusement il existe des voies à explorer pour adopter un modèle plus vertueux.
Par Charlotte Chenevier, cofondatrice de Canard & Cie
« Content is king ». Toute personne travaillant dans le milieu de la communication ou du marketing connaît ce fameux adage. Ces dernières années, sans la remplacer totalement, le création de contenus est venue s’ajouter à la publicité comme vecteur de communication de premier plan : contenus éditoriaux, vidéos, graphiques, sonores, tout y passe ! Si bien que certaines directions de la communication et du marketing ont désormais une armada de producteurs, soit en interne, soit externalisée en agence.
Mais… il y a un hic ! A force d’investir dans le contenu, nous sommes entrés dans l'ère de l’infobésité : il y a bien plus de contenus en ligne que de temps d’attention pour les consommer. Et au passage, nous en avons tous oublié – annonceurs comme agences – que ce contenu avait un coût. Un coût environnemental sérieux. En effet, le numérique représente aujourd’hui 3,5% des émissions de gaz à effet de serre mondiales, soit autant que le secteur de l’aviation. A la différence près, que ces émissions sont invisibles, ce qui nous amène souvent, malgré nous, à en ignorer l’existence.
Heureusement, il existe des voies à explorer pour réduire l’impact carbone de sa production de contenus. Voici quelques pistes de réflexion pour cheminer vers une activité plus responsable.
1 - Prendre conscience de son impact
Impossible de savoir comment agir si on ne sait pas d’où l’on part. La première étape consiste donc à mesurer son impact.
Plusieurs options sont possibles :
- si votre entreprise réalise son bilan carbone annuel, vous pouvez en extraire les données liées à vote activité de création de contenus
- vous pouvez aussi mesurer les émissions directement liées à la production de vos contenus, soit en faisant un bilan spécifique, soit en créant un outil sur-mesure
Des start-up comme Sami ou Carbo sont spécialisées dans ces thématiques et permettent aux entreprises de prendre conscience de leur impact. Par exemple, chez Canard & Cie, grâce à notre calculette carbone développée sur-mesure par Sami, nous avons pu réaliser que création d’une simple vidéo interview de 2 minutes chez nous, équivalait à l’émission de CO2 d’un trajet de 1 000 km en voiture diesel ? Ça nous a soufflé…
Si, dans le contexte de votre entreprise, il est compliqué de réaliser une mesure précise avec un partenaire, vous pouvez aussi tout simplement vous renseigner sur l’impact environnemental du numérique. Des sites comme The Shift Project ou l’ADEME sont des sources fiables et recèlent une mine d’or d’information. Et plus on en sait, mieux on fait !
2 - Réduire son impact direct
Une fois que l’on a mesuré son impact, on connaît généralement les priorités à mener : place à l’action !
Dans le cas où vous produisez votre contenu en interne, plusieurs leviers sont possibles : réduire sa consommation énergétique globale, optimiser sa politique de stockage des données, privilégier le matériel reconditionné, opter pour de la mobilité durable, etc. Chez Canard & Cie, nous avons pris 8 engagements forts pour limiter notre empreinte carbone, ce qui nous permet de réduire les émissions de nos productions jusqu’à 12 % par rapport à une production classique.
Dans le cas où vous externalisez votre production de contenus, vous pourrez surtout agir sur la diffusion de vos contenus : par exemple, lorsque c’est possible, diffusez vos vidéos en HD ou SD plutôt qu’en 4K, supprimez régulièrement les fichiers non-utilisés, imprimez sur du papier recyclé, etc.
3 - Repenser ses contenus en mode bas carbone
Adoptez un mode de réflexion bas carbone : avant de produire du contenu, posez-vous systématiquement la question de l’option qui sera la moins énergivore.
- Produisez moins mais mieux : un contenu qui n’atteint pas sa cible et qui ne délivre pas le bon message est un contenu qui pollue pour rien. Posez-vous toujours la question de l’utilité de votre contenu et privilégiez toujours la qualité à la quantité.
- Recyclez ! Oui il n’y a pas que la poubelle jaune : on peut aussi mettre à jour des anciens contenus pour leur redonner leurs lettres de noblesse et les remettre sur le devant de la scène plutôt que d’en créer des nouveaux.
- Adoptez d’autres réflexes : il est possible de concevoir des chartes graphiques écoresponsables (avec moins d’applats de couleur et des typos moins grasses) ou des sites Internet moins énergivores (avec moins de contenus, des pages dont le poids est réduit, des vidéos qui ne se lisent pas automatiquement, etc.).
4 - Sensibiliser ses équipes
Impossible d’agir sans embarquer son équipe avec soi. Tout le monde doit être dans le même bateau ! Communiquez sur votre impact, vos objectifs de réduction, les leviers d’action possibles. Expliquez pourquoi c’est important et fixez des objectifs communs. Chacun peut agir au quotidien ; c’est la somme des petits pas individuels qui fait avancer le collectif. Un bon point de départ : organiser un atelier avec La Fresque du Climat pour sensibiliser aux enjeux du changement climatique. De quoi mettre tout le monde sur la même longueur d’onde.
5 - Financer des projets de séquestration carbone
Si vous voulez aller plus loin, vous pouvez financer des projets de réduction ou de séquestration des émissions de gaz à effet de serre. Idéalement, cela implique d’avoir mesuré son impact en amont. Ainsi, vous pourrez décider de financer à hauteur de tout ou une partie des émissions liées à la production de vos contenus. Un point d’attention toutefois : il existe aujourd’hui pléthore de projets de contribution carbone, mais tous ne se valent pas. Veillez à ce que le projet que vous choisirez bénéficie du label bas carbone, Inuk ou Gold Standard. Si vous ne savez pas vers qui vous tourner, le site Pur Projet est fiable et propose plusieurs options de financement (reforestation, restauration des écosystèmes marins, agroforesterie, etc.). Chez Canard & Cie, chaque projet que nous menons pour nos clients, fait l’objet d’une contribution carbone, de manière équivalente aux émissions générées par la production des contenus.
6 - Choisir des prestataires « éco-conscients »
Un dernier levier d’action : favoriser des collaborations avec des partenaires qui sont dans une démarche de responsabilité. Evidemment, personne n’est parfait, mais certaines entreprises sont plus ou moins avancées dans la réflexion pour faire évoluer les métiers de la production de contenus vers un modèle plus vertueux. L’idée étant de pouvoir se faire mutuellement grandir et de s’enrichir de ses expériences respectives.
En résumé, il ne s’agit pas d’arrêter de produire du contenu, ni de culpabiliser ou d’angoisser, mais d’autres voies sont à explorer pour prendre conscience de son impact et faire des choix éclairés de manière à le réduire. Une chose est sûre : ce n’est que collectivement que nous pourrons faire évoluer les pratiques et les réflexes dans la grande famille de la communication.
Canard & Cie est une agence de création de contenus en chemin vers la responsabilité
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