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« La RSE n’est pas une ligne budgétaire ou une case à cocher »

Lush vient de lancer une nouvelle campagne éthique appelant à signer une initiative citoyenne européenne. La preuve qu’une entreprise n’a pas toujours besoin d’être « à mission » pour être citoyenne. Entretien avec Chloé Chazot, directrice de la communication France, Belgique et Luxembourg.

« Le 11 mars 2013, l’Union européenne devenait le premier marché mondial des cosmétiques sans cruauté », raconte Chloé Chazot, directrice de la communication pour la France de Lush. « Presque 10 ans plus tard, nous devons lutter contre le retour en arrière réclamé par l’Agence européenne des produits chimiques ». Lush vient de s’associer à l’association Humane Society International (HSI) pour appeler les citoyens – et ses clients – à signer une initiative citoyenne européenne pour préserver les cosmétiques non testés sur les animaux. L’objectif est de collecter 1 million de signatures d’ici le 31 août 2022. Une démarche qui affirme encore davantage le positionnement de la marque en tant qu’entreprise citoyenne.

Depuis 1995, l’enseigne s’est spécialisée dans la cosmétique non testée sur les animaux et respectueuse de la nature. En la matière, la marque est pionnière. Outre son engagement « business » notable, Lush s’est aussi distingué avec des campagnes éthiques qui mettent en lumière les causes d’associations. En septembre 2021, l’entreprise s’associait ainsi à l’ASPAS (l’Association pour la protection des animaux sauvages) dans le cadre d’une campagne visant à « réhabiliter les renards » et surtout à les protéger d’abattages, sous la forme d’affiches, d’une pétition et de la vente de produits cosmétiques permettant de récolter des fonds pour soutenir la cause. Fin mars 2022, l’entreprise réitère donc et collabore avec la HSI. Entretien avec Chloé Chazot, directrice de la communication pour la France, la Belgique et le Luxembourg.

Ce n’est pas anodin pour une entreprise d’appeler à signer une pétition, à s’engager.

Chloé Chazot : Oui, pour cette campagne, nous nous mobilisons aux côtés de l'association Humane Society International au niveau européen pour maintenir l'interdiction des tests sur les animaux. En 2013, l’Union européenne devenait le premier marché mondial des cosmétiques sans cruauté animale. En 2022, c’est un triste anniversaire, puisque ces avancées sont mises à mal. L'Agence européenne des produits chimiques demande à ré-envisager les tests sur les animaux sur certains des ingrédients utilisés en cosmétique. Mais pour répondre plus généralement à votre remarque, oui, effectivement depuis notre création en 1995, nous avons toujours eu à cœur de combattre l'expérimentation animale. C'est dans la genèse de Lush d’être engagé et militant. Nous avons d’ailleurs créé le Lush Prize pour récompenser les chercheurs qui développent des alternatives aux tests sur animaux.

Est-ce que finalement, sans avoir le « tampon » à mission, vous ne seriez pas déjà une entreprise à mission ?

Oui, la vocation de notre entreprise est d’imaginer une alternative cosmétique sans cruauté animale et dans le respect de la nature et des ressources naturelles. C’est dans notre raison d’être et ça anime toutes les décisions de l’entreprise : ça nous guide dans la manière dont nous concevons nos produits, dont nous communiquons aussi. La RSE n’est pas une ligne budgétaire ou une case à cocher. Par exemple, nous souhaitions lutter contre le suremballage. On a donc imaginé le tout premier shampoing solide.

Comment travaillez-vous avec les associations ? Comme je le disais plus haut, votre approche est assez étonnante.

En effet, c’est assez différent des autres entreprises. Nous ne faisons pas de sponsoring ou de mécénat. Nous travaillons avec les associations sur des campagnes nationales. L’objectif pour nous est de donner notre visibilité à des combats et des causes que nous partageons. (Dans le cas de la campagne « Keep the cages empty » avec HSI, Ralph, le lapin porte-parole est affiché dans toutes les boutiques de Lush pour appeler à signer la pétition, ndlr). Nous travaillons également avec des associations locales. Un de nos produits, la crème caritative Charity Pot, sert à soutenir des mouvements citoyens locaux qui œuvrent à la protection animale, à la préservation de l'environnement et la défense des droits humains. Toutes les dix secondes, une crème est vendue dans le monde. Depuis 2007, Charity Pot a permis de lever plus de 72 millions d’euros.

Et pourquoi ne pas avoir dans ce cas demandé un label B Corp ?

Nous préférons soutenir ces associations de manière à offrir notre visibilité, créer des campagnes avec elle. Cette politique nous permet d’aider concrètement des projets qui permettent une action imminente sur le terrain pour contribuer au changement.

Ainsi, en 2020, nous avons reversé près de 3 % de notre chiffre d’affaires à des projets caritatifs. Contribuer et soutenir le changement, c’est ce qui nous importe.

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