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« Pour l’instant, la révolution fintech n’a eu lieu que via le compte courant »

© JMbatt


L’épargne est dans le viseur de la wealthtech Akt.io, qui entend acculturer tout un chacun au monde de l’investissement par un livret blockchain, du robo-advisory, mais aussi de vrais « cours » de trading.

Mi-mars 2022, Akt.io, la wealthtech du groupe Automata, annonçait une ICO (Initial Coin Offering) de 27 millions d’euros. Dopée à la recherche en IA et une expertise forte sur la technologie blockchain, l’entreprise entend révolutionner le secteur bancaire en faisant des épargnants des investisseurs en puissance. « Épargner pour mieux s’enrichir » pourrait être le motto de la startup. Nous nous sommes entretenus avec son fondateur et CEO, Gaël Itier, pour mieux en saisir les ressorts.

Les fintechs aujourd’hui couvrent un certain nombre de services bancaires. Certaines sont même devenues des néo-banques à part entière en s’imposant d’abord dans l’innovation de rupture autour du paiement. Quelle était votre ambition de départ chez Akt.io ?

Gaël Itier : Notre ambition est d’abord technologique. En effet, nous développons nos propres technologies propriétaires avec à terme, l’ambition de devenir une néo-banque, mais aussi de fournir nous-mêmes des outils technologiques et financiers à de nouvelles startups. Notre ambition d’origine est de permettre à tout un chacun d’investir grâce à des robo-advisors (des robots d’aide à l’investissement, ndlr), puis en 2017-18, nous avons investi le champ des cryptomonnaies. Nous avons pu lever des fonds et financer notre R&D, mais aussi notre recherche de business model.

Il s’agissait donc pour vous d’acculturer les gens à l’investissement. Votre modèle a-t-il évolué ?

Oui, nous avons affiné notre modèle. Si au départ, nous aspirions à faire du robo-advisory, aujourd’hui nous aimerions devenir la fintech qui révolutionne l’épargne de mille façons possibles, à travers des produits innovants d'investissement. Pour l’instant, la révolution fintech a d’abord eu lieu par le compte courant et non par l’épargne. Les néo-banques permettent de payer à l’étranger sans frais, par exemple. La carte bancaire est colorée, pop ou en métal. Lorsque le client paie, il est notifié. Sur une application, il peut budgétiser. Tout est orienté autour des dépenses, autour du compte courant. Sauf que la population tend à avoir de moins en moins de pouvoir d’achat. L’approche de la révolution du secteur bancaire par le prisme de la dépense et du compte courant commence à se tarir. Nous pensons qu’il faudrait plutôt imaginer des produits qui révolutionnent grâce à l’épargne.

D’autant que la pandémie aidant, les Français ont été nombreux à épargner… Que proposez-vous ?

Notre porte d’entrée réside dans une proposition d’alternative au livret A. Rappelons que le livret A ne rapporte annuellement qu’environ 0,5 %. Nous souhaitons lancer une forme de livret « blockchain » qui reposerait comme son nom l’indique sur la technologie blockchain. Grâce à cette technologie, nous parvenons à générer des intérêts à travers des mécaniques décentralisées et sans risque pour le client. En moyenne, le taux d’intérêt s’élève autour des 6 à 8 % annuels. Certains acteurs français essaient de proposer cette solution. Nous nous différencions en payant des parts d’intérêts chaque jour (tout en restant une plateforme qui offre un compte IBAN dédié et une carte bancaire). Le client n’attendra pas la fin de l’année pour toucher les 8 % en question. Il n'y a pas de frais d'entrée, pas de frais de sortie et pas de frictions liées à l'utilisation de la blockchain. Chacun pourra donc tester avec 100 euros au départ et s’acculturer.

Au-delà de l’apprentissage par l’expérience, comment informez-vous, apprenez-vous à vos potentiels utilisateurs ? Tout le monde ne possède pas un niveau suffisant de littératie financière pour naviguer dans les apps d’investissement.

Je crois vraiment que le meilleur moyen d’enseigner est de créer un produit bon et simple. Mais vous avez raison, ce n’est qu’une première étape. Tout le monde n’est effectivement pas trader, même si on observe depuis quelques années un intérêt grandissant pour l’investissement et l’achat d’actions. Nous avons beaucoup travaillé à développer une deuxième dimension éducative. Un exemple : vous souhaitez acheter des actions Amazon – et bénéficier par-là du succès éclatant de l’entreprise, notamment depuis l’arrivée de la pandémie. Ou de Facebook – qui a dévissé de 40 % depuis le démarrage du conflit en Ukraine. Sur une valeur aussi valide, on peut s’attendre à ce que l’action remonte. Nous cherchons à offrir un guichet d’accès pour investir, mais aussi à renseigner tout un chacun.

Comment ?

Par exemple, en éditorialisant les courbes de variation. L’acheteur peut ainsi comparer, évaluer. Mais aussi en partageant les actualités importantes. Une déclaration politique peut avoir un impact sur le secteur des voitures électriques et le prix d’une action Tesla par exemple. On informera nos clients de l’actu et de son effet sur les courbes.

Ou bien, dans un deuxième temps, nous diffusons des vidéos de spécialistes du domaine. On peut regarder la vidéo tout en ayant sous les yeux l’évolution du prix.

En fait, vous êtes une marque-média…

Oui, nos propres experts participent. C’est ainsi que nous rendons le trading accessible. Et enfin, nous avons créé des algorithmes qui établissent une jauge sur chaque valeur. La jauge peut indiquer si elle est ultra vendeuse, vendeuse, neutre, acheteuse ou super acheteuse. Nous sommes-là dans le robo-advisory. En complément, une recommandation est générée et indique par exemple que la « tendance de fond est plutôt baissière, mais qu’on observe un sursaut de marché sur le court terme ». C’est une autre manière d’acculturer. En moyenne, ce dispositif génère 80 % de bonnes idées.

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