
La pandémie n'a pas douché les ardeurs des investisseurs pour les startups, confirme un rapport de PitchBook, une plateforme d'information financière destinée aux VC.
« C'est tellement dingue que plus de 900 startups tech valent plus d'un milliard de dollars », s'étonne dans les colonnes du New York Times la journaliste Erin Griffith. « En 2015, 80, ça paraissait énorme ». Et ce n'est pas la French Tech et ses désormais 25 licornes qui vont démentir cet engouement toujours plus important des investisseurs pour les startups. Aujourd’hui, les investisseurs en capital-risque inondent les jeunes entreprises d’offres de financement et alimentent encore davantage ce boom des startups.
Un écosystème en plein essor
D'après l'outil d'information financière PitchBook, en 2021 les startups américaines auraient levé 330 milliards de dollars, près du double du record de 2020, soit 167 milliards de dollars.
Le secteur du capital-risque aux États-Unis aurait également établi un nombre record de licornes, ces jeunes entreprises évaluées à plus d'un milliard de dollars. En effet, selon la base de données Crunchbase, le montant médian des fonds levés par les très jeunes startups aurait augmenté de 30 %.
Pour couronner le tout, de nouveau selon PitchBook, le total des exits de startups aurait atteint 774 milliards de dollars, soit près du triple par rapport à 2020. À une époque moins « frénétique », les startups recherchaient de nouveaux investissements en principe tous les 18 mois. Aujourd'hui, elles renouvellent leurs investissements plusieurs fois par an.
Ces chiffres révèlent un écosystème en plein essor où de jeunes entreprises très valorisées et déjà riches tentent de se développer, pour arriver à détrôner les multinationales de leurs secteurs. Pour Phil Libin, fondateur d'Evernote et aujourd'hui de mmhmm, une solution de vidéoconférence, « la pandémie a bouleversé les modes de travail de telle sorte que les jeunes entreprises accomplissent en un an ce qu’elles auraient accompli en cinq », rapporte le New York Times. Pour preuve, mmhmm a obtenu un financement de 136 millions de dollars en 2020.
Ce phénomène est aussi le résultat de percées en matière d'intelligence artificielle, de technologie nucléaire ou encore d’électrisation des véhicules, des domaines qui, selon les investisseurs, sont indispensables pour le monde de demain.
Enfin, aux États-Unis, c'est aussi le fruit de la domination du marché boursier par des entreprises technologiques telles qu’Apple, Microsoft ou encore Google depuis une décennie. Google aurait d’ailleurs affiché un résultat net de 67 milliards d’euros en 2021, soit près du double de 2020, rapporte Le Monde.
Des investissements qui ne sont pas à l’abri d’un repli économique
Mais ce boom pourrait bel et bien avoir une date de péremption. Le média Fast Company analyse que la fin des programmes de relance gouvernementaux, l'inflation en hausse, la rupture des chaînes d'approvisionnement et les pénuries de main-d'œuvre pourraient freiner fortement cette frénésie d'investissement.
La hausse des taux d'intérêt, présagée dans le courant de l'année par Forbes, et l'incertitude quant à la variante Omicron ont déjà fait dégringoler les cours de certaines entreprises tech. Après avoir chuté d'environ 175 dollars par action à environ 130 dollars avant-hier, PayPal perdait encore 4 % hier matin, rapporte TechCrunch. Autre exemple, le géant de streaming musical gratuit Spotify a vu son action baisser de 17 % hier. Enfin, selon la newsletter spécialisée dans le domaine de l’économie numérique Lettres Ouvertes, le prix du bitcoin aurait chuté de près de 40 % depuis son sommet en novembre.
Alors qu'un monde post-Covid se profile à l'horizon, c'est à se demander si les startups seront prêtes à encaisser le choc.
Participer à la conversation