
Le projet All-Gas, un consortium européen, met en place la production de biocarburants durables à grande échelle et à faible coût, à partir de cultures de microalgues et en utilisant les eaux usées municipales.
Un processus rentable, écologique et circulaire
All-Gas, projet international lancé en 2011, produit de l’algocarburant à partir d'algues cultivées dans les eaux des égouts. Ce type de carburant fait à partir de lipides extraits de microalgues s'appuie sur un modèle circulaire qui exploite les différentes étapes du traitement des eaux usées.
Pour la production de ces biocarburants dits de « troisième génération » – la première étant l'électrique et la deuxième, un carburant fait de résidus forestiers – les eaux usées municipales sont filtrées et purifiées grâce au CO₂ émis par des bassins de microalgues. Ces dernières sont en retour nourries par les nutriments présents dans les eaux usées.
L’algocarburant est obtenu grâce à la maturation des algues qui, en se transformant, produisent des substances ayant un potentiel énergétique comparable à celui des lipides. Contrairement aux énergies fossiles, le biocarburant issu de microalgues est produit en moins de trois jours.
Le processus de production et de recyclage, allant des bassins d'algues à la séparation de la biomasse, en passant par le traitement et la purification des biocarburants, est traité entièrement sur un site de quatre hectares à Chiclana, au sud de l'Espagne.
All-Gas peut ainsi produire un rendement estimé à 20 voitures par hectare de culture.
Un projet à échelle continentale
Cette initiative, financée à hauteur de 60 % par la Commission européenne, est menée par un consortium de cinq entités différentes. Tout d’abord, Aqualia est une entreprise de gestion en ressources en eau qui fait office de liaison entre le projet All Gas et la Commission européenne. BDI BioEnergy International génère du pétrole à partir de la biomasse des microalgues ; HyGear est en charge des flux de production des gaz émis par les bassins et de la production de méthane ; une équipe de recherche de l’université de Southampton traite l’efficacité de ces biogaz ; et enfin l’institut allemand Fraunhofer-Gesellschaft analyse l’impact environnemental du projet.
Ce projet s’inscrit dans les critères de durabilité de l’Union européenne qui imposent à tous les producteurs de biocarburants de produire 65 % de carbone en moins que les carburants d’origine fossile dès 2021. Face à cela, selon l'Institut français du pétrole Énergies nouvelles (IFPEN), les biocarburants de deuxième génération permettent, eux, de réduire ces émissions jusqu’à 80 - 90 %.
Alors que les fonctionnalités d’une voiture semblent plus importantes que ce qui la remplit, l'idée selon laquelle les véhicules zéro émission seraient l'avenir de l'industrie automobile fait son chemin. Alors que All-Gas peut produire un rendement estimé à 20 voitures par hectare de culture, la firme multi-énergie Total souhaite, d’ici 2025, porter son rendement à 60 000 litres par hectare et par an.
Utilisation industrielle de la laitue des mers
La première production d’algocarburant à échelle industrielle doit son origine au poète français Alexandre Saint-Yves d'Alveydre à travers l’utilisation de plantes marines dans des processus industriels à la fin du xixe siècle.
L’application industrielle de matières végétales ne date donc pas d’hier. En effet, un peu plus tard, en 1897, l’ingénieur allemand Rudolf Diesel inventa le premier moteur à diesel, qu’il souhaitait faire fonctionner à l’aide d’huile de palme ou d’arachide.
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