
Si la rentabilité économique n'est pas une priorité de l’éco-pâturage, qui lutte pour la protection et le maintien de la biodiversité, cette pratique permet tout de même de limiter certains coûts de gestion. Une gestion qui, en France, atteint 29,8 milliards d’euros en 2020 pour s'élever à 32,5 milliards d'euros en 2022.
Imaginez-vous. Au bord d’une route se trouve un champ. Dans ce champ se trouvent des moutons. Broutant paisiblement, ces animaux sont en réalité des gardiens d'un écosystème agissant en faveur d’une gestion durable de la biodiversité : l'éco-pâturage.
Cette approche de la protection d'un territoire permet non seulement le maintien de la biodiversité et la promotion de races considérées comme peu valorisantes, mais elle présente également de nombreux autres avantages non polluants. Explications.
Une pratique agricole en ascension
Remplacé par la mécanique et le désherbage chimique, l’éco-pâturage devient obsolète à l’aube de la Seconde Guerre mondiale. Pourtant, aujourd'hui, au vu des conséquences désastreuses de pratiques non durables, et notamment des chiffres retenus par le dernier rapport du GIEC, la pratique fait une remontada dans les habitudes agricoles.
Remis au goût du jour, la popularité de l'éco-pâturage est, en France, soutenue en partie par plusieurs grands programmes nationaux issus du Grenelle de l’Environnement, cet ensemble d’orientations et d’engagements environnementaux et gouvernementaux en matière de développement durable et de restauration de la biodiversité. En 2013, la Caisse des dépôts et consignations recensait 150 projets autour de l’éco-pâturage. En 2014, on en comptait 350. Aujourd’hui, en France, plus de 1000 projets concernant cette pratique sont mis en place, encadrés par des organismes privés et des structures publiques.
Un désherbant naturel et à moindre coût
L’éco-pâturage présente de nombreux avantages. Premièrement, il évite la pollution venant de produits phytosanitaires – une pollution qui touche en particulier les cours d’eau et les nappes phréatiques. Si ces dernières représentent entre 25 et 40 % de l’eau potable du globe, certaines concentrations en produits phytosanitaires élèvent parfois les nappes à un seuil de non-potabilité. D’où l’urgence de trouver une alternative zéro phyto.
Toujours au niveau environnemental, les animaux permettent d’ôter les machines de l’équation de la protection environnementale. Ainsi, en l’absence de tondeuse mécanique, l’éco-paturâge limite la production de gaz à effet de serre tout en préservant la qualité de l’air. Une aubaine quand on sait que, selon les chiffres de l'Agence pour la qualité de l'air de l’État de Californie aux États-Unis California Air Resources Board, un moteur de tondeuse à gazon produit 93 fois plus d’émissions par litre d’essence qu’une voiture. Par ailleurs, selon un rapport publié en février 2022 par l’ONU, la pollution liée aux pesticides, au plastique et aux déchets électroniques serait à l'origine d'au moins 9 millions de décès prématurés par an. De quoi vouloir adopter un agneau !
Enfin, ce service d’entretien d’espaces verts permet de réduire considérablement les dépenses de carburant. Alors que l’Europe tente d’amortir la hausse des prix dans un contexte de guerre et d’hégémonie énergétique russe, l’utilisation d’animaux requiert simplement leur présence.
Conservation d’espèces rares et rustiques
Au-delà des avantages non polluants et économiques, l'éco-pâturage présente une tout autre commodité. Si les animaux sélectionnés pour l'éco-pâturage doivent être capables de consommer suffisamment de fourrage, la pratique permet une grande diversité d'espèces. Du cheval à la chèvre en passant par la vache, l'éco-pâturage favorise ainsi la promotion de races autochtones, rustiques et peu valorisées, souvent désuètes aux pratiques agricoles modernes.
Enfin, dernier avantage... Vous ne l'entendez pas ? C'est normal, le repas des moutons ne fait pas de bruit, contrairement au vrombissement sauvage des tondeuses. Un confort sonore qui est le bienvenu : selon une évaluation coordonnée par le Conseil national du bruit et l'ADEME, le bruit coûte à la France au moins 147 milliards d’euros par an ! Une nuisance sonore qui est vue comme un véritable enjeu public puisque ces coûts englobent des mesures de lutte contre le bruit, la dépréciation immobilière ainsi que des coûts de surveillance.
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