
Le pourcentage d’émissions de CO₂ qui doit être généré pour rendre l’économie mondiale neutre en carbone en 2050 dépend de technologies qui restent à développer, estime l’AIE. Dans ce contexte, EDF donne un coup d’accélérateur à sa stratégie d’innovation, qui vise un double objectif : développer l’activité économique du Groupe et renforcer sa résilience. Julien Villeret, Chief Innovation Officer d’EDF, nous explique comment.
Vous êtes à la tête de la direction innovation du Groupe EDF, quelles sont les missions de cette entité ?
Julien Villeret : Dès son origine, EDF a innové dans de multiples domaines, depuis la production ou les réseaux jusqu’aux services pour les clients de toute taille. Mais, dans un contexte de crise climatique, nous devons passer à la vitesse supérieure. Nous sommes dans une course contre la montre : nous devons en l'espace d'à peine trois décennies accompagner l’électrification des secteurs et des usages fortement dépendants des énergies fossiles, tout en nous assurant que la production d'électricité soit décarbonée et à prix abordable.
Selon l'Agence internationale de l'énergie, la moitié des technologies dont nous avons besoin pour atteindre le net zéro en 2050 n'existe pas aujourd'hui sur le marché. C’est dans cet environnement que travaille la direction innovation du Groupe EDF, avec pour mission de créer ce qui n’existe pas, d’ouvrir ce champ des possibles pour accélérer la transition énergétique.
Quelle est l’ambition de la direction innovation et son territoire de jeu ?
J. V. : Notre ambition est de couvrir l’ensemble du spectre en s’appuyant sur les synergies entre les métiers, naturellement en charge de l’innovation incrémentale, la R&D, très pointue et reconnue dans les domaines scientifiques et techniques, et la direction de l’innovation, qui projette l’entreprise dans des activités nouvelles à travers, notamment, des innovations de rupture. La particularité de l’innovation telle que nous l’envisageons aujourd’hui, c’est qu’elle doit être porteuse de sens. Pour cela elle doit être au service de notre Raison d'Être, ce qui lui donne un but supérieur et constitue une réelle force pour le Groupe. Par ailleurs, notre effort d’innovation doit également être porteur de performance. Très concrètement, cela signifie que cet effort doit être dirigé vers l’atteinte de ces deux objectifs complémentaires : le développement de l’activité économique de l'entreprise et le renforcement de sa résilience.
Comment est structurée la direction innovation ?
J. V. : Le rôle de la direction innovation est d’ouvrir le champ des possibles. Grâce aux compétences et aux expertises des équipes qui ont rejoint la direction, nous sommes capables dès aujourd’hui de faire grandir tous les types d'innovateurs. Nous mettons à disposition des métiers un dispositif complet d’accompagnement, articulé autour de cinq programmes. EDF Pulse Factory pour permettre aux collaborateurs de grandir une idée, EDF Pulse Incubation pour ceux qui veulent développer une activité innovante au sein du Groupe, EDF Pulse Ventures pour soutenir la croissance des startups, EDF Pulse Design pour explorer et prototyper des solutions nouvelles grâce au design et EDF Pulse Connect pour être connecté aux acteurs de l’innovation en dehors du Groupe. Cette année, nous allons par ailleurs construire un réseau des innovateurs au sein du Groupe, qui vont pouvoir échanger entre eux et se professionnaliser pour qu’EDF soit toujours au plus haut niveau d’excellence.
Comment travaillez-vous avec les startups ?
J. V. : EDF n’a pas la science infuse : nous n’avons pas toutes les solutions. C’est pour cela que nous nous investissons dans l’open innovation et que nous travaillons avec des startups.
Notre fonds d’investissement, EDF Pulse Ventures, est l’un des fonds les plus actifs du secteur de l’énergie. Depuis sa création fin 2017 nous avons investi plus de 250 millions d’euros dans une vingtaine de startups et une vingtaine de fonds qui, eux, investissent également dans d’autres startups. Nous sommes fiers d’avoir maintenu notre soutien, même au cœur de la crise sanitaire en 2020.
EDF investit dans des startups qui proposent des solutions innovantes en adéquation avec la raison d’être du groupe, et en particulier autour de la réduction de l’impact carbone des activités des clients d’EDF. 4 domaines sont principalement visés : les territoires durables, les énergies décentralisées, les services dans un habitat plus durable et l’industrie performante.
Quelles sont vos prochaines actualités ?
J. V. : Alors que la COP26 vient de s’ouvrir, nous venons d’annoncer notre prise de participation dans Persefoni, une jeune startup américaine qui fournit une solution essentielle aux grandes entreprises en leur permettant de mesurer leur empreinte carbone. Cette connaissance est déterminante pour être en capacité de mettre en place des actions efficaces de réduction de leurs émissions de CO₂.
Enfin, dans un autre registre : nos designers ont développé une innovation qui permet de repenser notre rapport à la notion de production, et d’imaginer des innovations à partir de ce qui existe déjà. Dans le cadre de la COP, ils ont développé un data center entièrement alimenté par un panneau photovoltaïque et dont les composants sont issus de l’upcycling : ancien panneau solaire de centrale, ancienne batterie de véhicule électrique, ancien téléphone portable… Cette innovation est actuellement utilisée pour héberger le site internet d’une grande entreprise française lors du sommet international sur le climat.
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