une femme et un enfant devant un ordinateur

Post-Covid : Quand le télétravail dope les ventes du reconditionné

© Anastasia Shuraeva

Par souci écologique ou peut-être économique, les entreprises sont de plus en plus nombreuses à s’engager dans le reconditionné. Le télétravail renforce ce marché en plein essor.

Alors que le télétravail est toujours d'actualité, l'achat d'appareils à des prix moindres fait son chemin dans les entreprises. En 2020, EDF a valorisé auprès de l'entreprise spécialisée dans la gestion du cycle de vie des matériels tech, ATF Gaia, 3 900 ordinateurs avec un taux de réemploi de 70 %. Une tendance en hausse puisque le marché mondial du reconditionné représente aujourd'hui plus de 50 milliards d’euros.

Le reconditionné en plein essor

À l’heure où la RSE et l’économie circulaire ont leur partition à jouer dans la redirection écologique des entreprises, la revalorisation des appareils électroniques devient un enjeu de taille dans nos habitudes mais aussi dans celles des entreprises. Selon une étude menée par le site en ligne reBuy en partenariat avec YouGov, 19 % des Français conservent leurs appareils lorsqu’ils ne s’en servent plus, 31 % d’entre eux ont déjà acheté un produit reconditionné et 32 % seraient susceptibles de revendre leur appareil. Face à ces chiffres, 64 % des interrogés n’ont jamais acheté de reconditionné.

En France, la valeur du marché du reconditionné aurait augmenté de 15 % en un an pour s’élever à un milliard d'euros en 2021, d'après une étude Kantar pour l'opérateur de revente de mobiles reconditionnés Recommerce. Surfant sur la vague du reconditionné, Largo fait partie des entreprises qui sautent le pas. En 2020, la société spécialisée dans le reconditionnement lance Largo Business, sa branche BtoB, et propose une reprise, une valorisation ainsi que des offres opérateurs téléphoniques directement auprès des entreprises. Un investissement fructueux puisqu'en 2021, elle permet au groupe d'enregistrer un chiffre d'affaires de 1,4 million d'euros, pour un chiffre d'affaires total de 17,6 millions d'euros.

Dans le contexte pandémique actuel, le secteur du reconditionné est, par ailleurs, un des seuls n'ayant pas été affecté par la crise mais qui y doit, au contraire, son développement. Illustration parfaite du dynamisme de ce marché : l'entrée de Back Market dans le cercle privé des licornes françaises en 2021 avec une levée de fonds s'élevant à 273 millions d'euros. Le spécialiste du matériel informatique reconditionné réalisait déjà en 2019, selon le média Dynamique Mag, 96 millions d’euros de chiffre d'affaires avec une croissance exceptionnelle de 220 %.

L’État : un vecteur de mobilisation écologique 

Pour accompagner ce développement, les mesures prises par la voie législative ont pour ambition de renforcer une prise de conscience déjà bourgeonnante. Un décret a d'ailleurs été émis début mars 2022 en faveur du reconditionné fixant une liste de produits et d'une part minimale de 20 % d'achats publics devant être issus des filières du réemploi, de la réutilisation ou du recyclage.

Autre initiative : le lancement d’un travail de structuration du secteur avec l'injection de 15 millions d’euros dans la valorisation du secteur auprès des consommateurs et des acheteurs publics et le développement de formations à la réparation et au reconditionnement de produits numériques.

Pourtant, jusqu'en mai 2021, le discours du gouvernement n'a pas toujours été charitable pour les reconditionneurs. Fin 2021, un amendement est adopté au Sénat étendant le versement d'une redevance pour copie privée des produits neufs aux produits issus du recyclage. Une mesure controversée qui a pour effet de gonfler les prix, mettre en question la pérennité de certains opérateurs de revente et qui impacte surtout les consommateurs en situation précaire. Selon le blog du modérateur, en 2022 ces derniers représentent 40 % de la clientèle de Back Market.

L'impact environnemental de la tech

Peu onéreux, efficace et écologique, le reconditionné séduit. Rappelons que, alors que 4 milliards d’appareils électroniques sont en circulation sur le globe, l'impact environnemental du numérique est affolant. Selon l’institut Rousseau, le numérique matérialise environ 1,5 gigatonne d’émissions de gaz à effet de serre (GtCO₂e) au niveau mondial, soit deux à trois fois les émissions annuelles de l'Hexagone. La composition des éléments électroniques impose une extraction intensive de matières premières. Selon le collectif de sobriété numérique Green IT, celle-ci participe aujourd'hui à environ 50 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre du secteur.

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